Le groupe français de médias et télécoms Vivendi a soldé jeudi sa participation dans l'américain NBC Universal, affirmant son ambition d'être désormais "tourné vers les pays en forte croissance", à l'image de sa récente prise de contrôle de l'opérateur brésilien GVT.
Vivendi va céder ses 20% de NBC à l'américain General Electric (GE) pour 5,8 milliards de dollars, permettant à ce dernier, déjà actionnaire à hauteur de 80%, de fusionner ses activités médias avec celles du câblo-opérateur américain Comcast.
La nouvelle entité sera détenue à 51% par Comcast, à laquelle GE cède NBC Universal pour 30 milliards de dollars.
Avec cette vente, Vivendi, qui ne sera "pas actionnaire du nouvel ensemble", aura "le contrôle exclusif de l?ensemble de ses actifs", a indiqué le président de son directoire, Jean-Bernard Lévy, cité dans le communiqué.
"Plus homogène", il sera "davantage tourné vers les pays à forte croissance", a-t-il ajouté.
Si la fusion des activités médias de GE et Comcast n'était pas terminée fin septembre 2010, Vivendi cèderait à cette date 7,66% de NBC Universal à GE pour 2 milliards de dollars et toucherait le solde à la clôture de la transaction.
En cas d'échec de l'opération entre GE et Comcast, Vivendi vendrait quand même les 7,66% fin septembre 2010 et conserverait 12,34% de NBC, "qui serait mis en Bourse avec un calendrier accéléré".
Chaque année, Vivendi disposait d'une fenêtre de tir de trois semaines entre mi-novembre et début décembre, pour décider de céder sa participation dans NBC Universal.
Celle-ci avait été acquise en 2004 lors de la fusion de Vivendi Universal Entertainment et de NBC détenu par GE. Vivendi Universal était, né, lui en décembre 2000, avec notamment des rachats de studio de cinéma, alors que le groupe était dirigé par Jean-Marie Messier.
En septembre, M. Lévy avait confirmé que son groupe "avait vocation à sortir de NBC", sans préciser la date, un actif qui lui a rapporté 2 milliards de dollars de dividendes depuis 2004, selon une source proche du dossier.
Les spéculations autour de cette vente, habituelles chaque automne, avaient été relancées cette année avec l'annonce par Vivendi de son intention de racheter l'opérateur de télécoms brésilien GVT.
Les analystes de la Société générale ont souligné que cette vente n'était "pas vraiment une surprise", d'autant que le rapprochement de NBC Universal et Comcast aurait "encore dilué la participation de Vivendi".
Un point de vue également partagé par Bruno Hareng, d'Oddo Securities, qui estime qu'il s'agit d'"une bonne opération": "ils se libèrent d'un actif non-stratégique", dans lequel "ils n'ont pas la main sur le management".
Selon lui, le groupe va pouvoir réutiliser ces fonds pour racheter les participations "minoritaires" - celles de TF1 et M6 - dans la chaîne privée Canal+.
Vivendi pourrait aussi se renforcer davantage dans les pays émergents, pour "rechercher (de) la croissance", comme il l'a indiqué à plusieurs reprises.
Il a annoncé mardi qu'il détenait déjà 50,9% du brésilien GVT.
Mais pour se l'offrir, Vivendi a dû payer beaucoup plus que prévu initialement, l'espagnol Telefonica ayant tenté de lui couper l'herbe sous le pied en surenchérissant.
Alors que la première offre de Vivendi valorisait GVT à hauteur de 2 milliards d'euros, le prix est désormais de 2,8 milliards, un montant jugé élevé par les analystes.
Cet été, Vivendi avait tenté de racheter les actifs de l'opérateur Zaïn en Afrique, avant de renoncer, devant un prix jugé excessif. Depuis, les rumeurs vont bon train, notamment concernant l'opérateur algérien Djeezy. Une opération que Vivendi a "formellement" démentie jeudi.