Le président irakien Jalal Talabani a exprimé le souhait mercredi à Paris devant le patronat français (Medef) que le groupe Total travaille sur les champs pétroliers de son pays, et appelé les sociétés françaises à investir de nouveau largement en Irak.
"L'appel d'offres (concernant l'exploitation pétrolière) n'est pas seulement basé sur des chiffres, nous devons favoriser une offre française quels que soient les chiffres", a déclaré le chef de l'Etat irakien, en appelant le groupe pétrolier français à "faire la meilleure offre".
"C'est notre politique, nous voulons voir Total travailler sur nos champs pétroliers", a-t-il dit, très applaudi par l'assistance.
M. Talabani, qui intervenait devant des grands patrons au troisième jour d'une visite d'Etat en France, a appelé les entreprises françaises à investir largement dans son pays en dépit des risques de sécurité qui demeurent après plusieurs années de conflit.
"Les perspectives sont très positives. Vous devez vous montrer courageux et investir dans tous les secteurs", a-t-il dit.
Un appel d'offres sur les champs pétroliers irakiens aura lieu les 11 et 12 décembre. L'Irak doit soumettre aux enchères dix contrats d'exploitation de champs pétrolifères et 44 compagnies devraient participer à l'appel d'offres.
Début juillet, l'Irak avait déjà lancé à destination de 31 compagnies pétrolières étrangères une première série d'appels d'offres concernant l'exploitation de cinq champs pétrolifères et de deux champs gaziers.
Le directeur général de Total chargé de l'exploration et de la production, Yves-Louis Darricarrère, a confirmé lors de cette réunion que son groupe préparait des offres sur deux champs pétroliers irakiens, en prévision de l'appel d'offres des 11 et 12 décembre.
Le présidente du Mouvement des entreprises de France (Médef), Laurence Parisot, a salué la volonté de l'Irak de "diversifier ses partenariats autant que possible". "Nous voulons y prendre part", a-t-elle dit.
Le président irakien effectue depuis lundi une visite d'Etat de quatre jours, qui consacre la normalisation des relations entre les deux pays après l'opposition de Paris à l'invasion américaine de l'Irak en 2003.
La délégation irakienne comprend 32 hommes et un femme des milieux d'affaires et de l'industrie irakiens.
Le retour de la France en Irak, partenaire privilégié dans les années 70 et 80, se fait avec la bénédiction des Etats-Unis qui cherchent à montrer que Bagdad a repris sa place sur la scène internationale.
Depuis le début de l'année, les visites de responsables irakiens et français se sont multipliées. Nicolas Sarkozy était à Bagdad en février, son Premier ministre François Fillon en juillet.
Alors que le coût de la reconstruction de l'Irak est estimé à 600 milliards de dollars, plusieurs contrats ont déjà été signés en matière de sécurité intérieure et dans le domaine militaire, comme la vente de 24 hélicoptères du groupe européen Eurocopter.
M. Talabani a qualifié de "total succès" sa visite en France. "Les portes sont totalement ouvertes à la coopération avec la France" et la coopération entre les deux pays "est stratégique", a-t-il dit devant les patrons français.