Le géant mondial des microprocesseurs Intel va payer 1,25 milliard de dollars pour faire la paix avec son rival, le numéro deux AMD qui l'accusait de pratiques commerciales déloyales, même si ses démêlés juridiques sont loin d'être achevés.
Intel et AMD sont "parvenus à un accord pour mettre fin à tous leurs litiges", y compris les accusations d'abus de position dominante et les questions de licences réciproques, ont-ils indiqué jeudi dans un communiqué commun.
"Intel va payer 1,25 milliard de dollars à AMD" et a "accepté de respecter un certain nombre de pratiques", ajoute le communiqué.
L'accord était salué à la Bourse de New York où l'action d'AMD s'envolait de 21,98% à 6,48 dollars à 17H20 GMT tandis qu'Intel prenait 0,15% à 19,86 dollars.
"Aujourd'hui marque le début d'une nouvelle ère (...), la donne a changé pour AMD", s'est réjoui Dirk Meyer, PDG d'AMD, dans un communiqué séparé.
Depuis des années, Intel accordait des rabais à ses clients, dont les fabricants d'ordinateurs américains Dell et HP ou le chinois Lenovo, qui s'engageaient en retour à acheter ou commercialiser peu, voire pas de produits AMD.
Intel, qui bénéficie d'une part de marché mondiale écrasante de plus de 80% contre moins de 20% pour AMD, menaçait de réduire ses rabais si les engagements, gardés secrets, n'étaient pas tenus.
Ces pratiques, qui ont conduit AMD au bord de la banqueroute, ont été condamnées par la Commission européenne, qui a rendus publiques de nombreuses preuves contre Intel après lui avoir infligé une amende record de 1,06 milliard d'euros à l'issue de neuf ans d'enquêtes.
Intel a également été condamné pour abus de position dominante au Japon et en Corée du sud.
Malgré l'accord avec AMD, les démêlés juridiques d'Intel continuent. Il fait l'objet d'une enquête de la FTC, l'autorité américaine de la concurrence, d'une plainte en nom collectif dans le Delaware (est des Etats-Unis) et de poursuites de la part de l'Etat de New York.
Les termes exacts de l'accord entre Intel et AMD n'ont pas été publiés mais d'après le PDG d'AMD, il stipule qu'Intel ne peut plus "utiliser d'incitations financières pour sceller des accords de vente exclusifs ou pour empêcher ses clients d'utiliser (les) produits" d'AMD.
Le PDG d'Intel, Paul Otellini, a minimisé la portée de cet accord, affirmant dans une conférence téléphonique qu'il n'y aurait "pas de changements dans les pratiques commerciales de son groupe" et qu'Intel n'avait "jamais violé la loi".
Il a notamment affirmé que son groupe ne "punissait pas les clients" qui achètent des produits de son concurrent au lieu des siens et que "les rabais font partie des pratiques commerciales courantes".
M. Otellini s'est montré hésitant dans le domaine des prix, affirmant d'une part que ce domaine faisait partie des prérogatives d'une entreprise, mais admettant par ailleurs mener des discussions avec les autorités de la concurrence sur ce point, particulièrement en Europe.
Face aux preuves dévoilées par la Commission, notamment des courriels portant sa signature, M. Otellini a déclaré que beaucoup d'éléments avaient été "sortis de leur contexte" et qu'Intel avait "hâte de montrer sa version des choses et de présenter sa propre sélection de courriels".
Pour Gregori Volokhine, analyste au cabinet de gestion d'actifs Meeschaert, de New York, l'accord va "rajouter 1,25 milliard à la trésorerie d'AMD, ce qui est beaucoup vu leur taille. Et puis cela donne l?impression que pour éviter les problèmes avec les autorités Intel va être moins agressif et partager un peu plus le marché avec AMD".
Mais pour Douglas McIntyre, du site d'analyse financière 24/7, la somme versée par Intel est "un genre de pot de vin à une compagnie en difficulté (...) qui ne correspond en rien à la capitalisation boursière perdue" par AMD.