La Commission européenne compte mettre la pression sur la France afin qu'elle réduise son déficit public gonflé par la crise économique plus vite que ce que prévoit Paris, en revenant dans les clous de l'UE dès 2013.
Bruxelles va donner mercredi à la France "un an de plus" pour ramener son déficit public sous la limite autorisée de 3% du Produit intérieur brut, ont indiqué des sources européennes à l'AFP. Soit 2013 au lieu de 2012 comme demandé au printemps, lors du lancement de la procédure pour déficit excessif contre la France.
Une extension du délai était probable en raison de l'aggravation de la récession.
Mais cette nouvelle date ne devrait pas satisfaire la France, qui table sur un plus long délai. Le Premier ministre français François Fillon a indiqué la semaine dernière qu'il prévoyait de ramener le déficit budgétaire "en dessous" de 3% "à l'horizon 2014" seulement.
Une nouvelle échéance déjà plus ambitieuse que celle inscrite dans le budget français pour 2010. Le gouvernement prévoyait jusqu'ici de ramener le déficit public du niveau record de 8,5% PIB attendu l'an prochain à 5% en 2013.
"La France n'est pas d'accord" avec la recommandation prévue par la Commission, a indiqué clairement l'une des sources européennes.
La France est cependant traitée sur le même plan que trois autres pays pour lesquels Bruxelles a analysé, six mois après avoir lancé des procédures, s'ils avaient pris des mesures assez efficaces pour corriger le tir dans les délais impartis.
Le gendarme budgétaire de l'UE a en effet décidé de "prolonger d'un an" également le délai donné à l'Espagne, à 2013, ainsi que celui de l'Irlande, à 2014, et du Royaume-Uni, à avril 2015, en raison de "la détérioration de la situation économique", a indiqué une autre source européenne.
Pour la Grèce, la Commission, qui a demandé à Athènes de réduire son déficit dès 2010, a décidé d'enclencher la phase suivante de la procédure, progressant ainsi vers de possibles sanctions.
La France aurait pu se voir réserver le même sort que la Grèce si la Bruxelles avait estimé qu'elle n'avait pas fait les efforts budgétaires demandés.
"La Commission conclut qu'il y a eu une certaine action de la France mais que néanmoins la situation s'est détériorée, rendant l'objectif inatteignable", a indiqué l'une des sources.
Quant à l'Allemagne, à laquelle la Commission donnera pour la première fois un délai mercredi: Berlin va se voir accorder jusqu'en 2013, comme la France, pour revenir sous les 3% de déficit.
Ces différentes échéances devront ensuite être entérinées par les ministres des Finances européens.
Ceux-ci restent encore prudents sur la date de démarrage de la réduction de leurs déficits. Ils prévoient de commencer en 2011 au plus tard, si le contexte économique le permet. Un objectif auquel a adhéré aussi la France, même si elle ne s'est pas montrée la plus allante.
Paris est en revanche en pointe pour demander l'arrêt rapide des mesures de soutien public au secteur bancaire, compte tenu des gros profits de nouveau réalisés par les établissements. Ou pour exiger à défaut que le prix à payer pour en bénéficier soit accru, selon un diplomate français.
Ce sujet sera discuté mardi par les ministres des Finances de l'UE, lors d'une réunion à Bruxelles.
La France a déjà annoncé la fin de sa garantie exceptionnelle de l'Etat envers le secteur financier en 2010.
Paris veut que l'on fixe dès maintenant des objectifs pour tous les pays européens et que l'on fasse en sorte d'"éviter les distorsions de concurrence" entre "des Etats qui suppriment leur plan de soutien" et "d'autres qui le maintiennent", a indiqué le diplomate.