La Finlande a laissé entendre dimanche qu'elle approuverait d'ici la fin de l'année le projet de gazoduc Nord Stream, en échange de quoi Moscou va maintenir inchangés ses droits de douane sur le bois, un enjeu majeur pour Helsinki.
Recevant son homologue finlandais, Matti Vanhanen, dans sa ville natale, Saint-Pétersbourg (nord), le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a d'abord annoncé la prolongation du moratoire sur la hausse des droits de douanes sur les exportations de bois russe.
"Le gouvernement russe a déjà décidé d'ajourner la hausse des droits de douanes sur le bois. Aujourd'hui, je peux dire que ce moratoire sera prolongé en 2010", a-t-il déclaré à l'ouverture du troisième sommet russo-finlandais sur le bois.
Moscou, qui avait dès 2006 commencé à augmenter ces taxes, entendait les relever par paliers d'ici à janvier 2009, jusqu'au niveau de 80% de la valeur du bois déclarée en douane, afin de convaincre les groupes papetiers européens, et en particulier finlandais, d'investir en Russie.
Ces taxes devaient ainsi passer de 15 à 50 euros par mètre cube. Mais cette volonté a été contrariée par la crise économique mondiale, et en novembre 2008, le gouvernement russe avait décidé d'ajourner cette hausse d'au moins neuf mois.
Dimanche, M. Poutine a indiqué que ce moratoire durerait "sans doute aussi en 2011", mais a insisté sur le fait que cette mesure était "temporaire et dictée par la conjoncture".
Une décision saluée par M. Vanhanen, dont le pays, l'un des plus importants producteurs de papier et de produits en bois manufacturés au monde et qui importe une grande partie de sa matière première de chez son voisin russe, traverse une profonde récession et dont certaines entreprises tanguent sous le poids de la crise.
"Nous sommes satisfaits du gel des taxes sur presque deux ans", a-t-il dit à l'issue du sommet.
Pour sa part, "le gouvernement finlandais prendra une décision début novembre sur le passage de Nord Stream dans sa zone économique. Après cela, les services chargés de l'écologie donneront leur autorisation à la construction du gazoduc", a-t-il annoncé.
"Nous nous attendons à ce que cela soit fait d'ici à la fin de l'année", a-t-il ajouté.
Nord Stream, un projet piloté par le géant gazier russe Gazprom, doit relier sur 1.220 km Vyborg en Russie à Greifswald en Allemagne, en passant sous la mer Baltique par les territoires maritimes russe, finlandais, suédois, danois et allemand. Selon le calendrier, il doit être entièrement achevé en 2012.
Critiqué par les pays baltes et la Pologne, qui y voient un moyen pour Moscou de les contourner, Nord Stream a obtenu mardi le feu vert du Danemark. Mais il attend toujours d'être approuvé par la Finlande et la Suède, qui craignent qu'il n'ait des conséquences néfastes sur la faune et la flore de la Baltique.
A Saint-Pétersbourg, M. Poutine a par ailleurs annoncé que son gouvernement avait préparé un programme d'assainissement de la Baltique.
L'homme fort de la Russie a aussi indiqué que la participation d'entreprises finlandaises au gigantesque gisement gazier de Chtokman, dans le grand Nord russe, avait été évoquée lors de ses discussions avec M. Vanhanen.
Mais cela ne sera possible "que si Nord Stream est construit", a insisté M. Poutine en expliquant que le gaz extrait du champ, qui renferme des réserves estimées à 3.800 milliards de mètres cubes, devait passer par ce tube.