Le président roumain Traian Basescu a chargé jeudi un économiste indépendant, Lucian Croitoru, de former un nouveau gouvernement, avant des échéances cruciales pour Bucarest pour un prêt du Fonds monétaire international (FMI).
"J'ai décidé de désigner Lucian Croitoru au poste de Premier ministre", a déclaré M. Basescu lors d'une allocution télévisée.
Actuellement conseiller du gouverneur de la banque centrale (BNR), M. Croitoru, 52 ans, avait été le représentant de la Roumanie auprès du Fonds monétaire international (FMI) entre 2003 et 2007.
Cette nomination a aussitôt été contestée par l'opposition, qui a menacé de saisir la Cour constitutionnelle.
Les trois partis d'opposition, qui ont fait tomber mardi le gouvernement de centre-droit grâce à une motion de censure, ont souligné qu'ils disposaient de 65% des sièges au Parlement, soit une "majorité absolue" les autorisant à choisir eux-mêmes le Premier ministre.
Ces trois formations avaient proposé mardi à ce poste le très populaire maire de Sibiu (centre), Klaus Iohannis.
M. Basescu a défendu son choix en soulignant que M. Croitoru était une personnalité "indépendante", connue "pour ses compétences en économie".
Il a rappelé que Bucarest se trouvait devant des échéances importantes pour obtenir deux nouvelles tranches d'un prêt de 20 milliards d'euros accordé notamment par le FMI et l'Union européenne.
Cette aide accordée au printemps, sous condition, doit aider la Roumanie, dernier pays à entrer dans l'UE avec la Bulgarie, à faire face à la récession, estimée à 8,5% pour 2009.
En invitant les partis politiques à accorder leur confiance à M. Croitoru, M. Basescu a annoncé que le FMI avait reporté une mission prévue à Bucarest la semaine prochaine, faute d'interlocuteurs.
"Aggraver la crise politique commence à avoir des effets économiques. J'appelle les partis à comprendre que la Roumanie a rapidement besoin d'un gouvernement efficace", a-t-il lancé.
Dans un communiqué diffusé à Bucarest, le FMI a assuré "ne pas anticiper une interruption de l'accord ni un changement de politique" suite à la chute du gouvernement.
"Une mission visant à lancer des discussions avec les autorités sur une deuxième revue de l'accord est attendue en Roumanie dès que le nouveau gouvernement sera formé", a ajouté le FMI.
M. Croitoru a de son côté déclaré que ses "priorités portaient sur l'organisation d'élections présidentielles correctes (ndlr: le 22 novembre) et le maintien des engagements auprès de l'UE, le FMI et la Banque mondiale".
Il a également évoqué l'objectif de Bucarest d'adopter l'euro à l'horizon 2014, soulignant la nécessité de respecter les critères de Maastricht visant notamment un déficit public inférieur à 3% du PIB. Ce déficit devrait atteindre 7,3% du PIB en 2009.
Le Premier ministre désigné dispose maintenant de 10 jours pour former son équipe et obtenir l'approbation du Parlement.
"Le gouvernement devrait être formé de politiciens et non pas de technocrates", a-t-il déclaré, en annonçant qu'il allait engager des négociations à cet effet.
Mais les responsables de l'opposition affirment déjà que leurs élus n'accorderont pas leur confiance à un gouvernement Croitoru et évoquent l'hypothèse d'élections législatives anticipées, possibles au cas où le Parlement refuse deux fois l'investiture d'un gouvernement.
Selon les analystes, la crise politique sera tranchée par l'élection présidentielle, qui verra notamment s'affronter MM. Basescu et Geoana.