Le débat sur l'accompagnement des chômeurs par des structures privées a rebondi mercredi, à l'occasion d'un bureau de l'Unedic dont les dirigeants, CFDT en tête, ont critiqué la mise en route trop lente par Pôle emploi et jugé l'évaluation mal faite par l'Ecole d'économie de Paris-PSE.
Selon un rapport confié à l'Ecole d'économie de Paris et évaluant des expérimentations menées en 2007, les cabinets privés qui accompagnent des chômeurs pour retrouver un emploi obtiennent moins de résultats que le service public.
"L'échantillon n'était pas le même, et les différences de retour à l'emploi de quelques pourcents. Quant au coût, celui du privé est connu, celui du public n'était pas complet", a critiqué le président de l'assurance chômage, Geoffroy Roux de Bézieux (Medef).
"Il ne sert à rien d'opposer le public et le privé, les deux sont utiles, le tout est d'arriver à concentrer les moyens d'accompagnement renforcé sur ceux qui en ont besoin. Moi, je milite depuis longtemps pour que le profilage soit plus segmenté qu'aujourd'hui", a-t-il ajouté, jugeant à ce titre les Job Center britanniques exemplaires.
Quant à Annie Thomas, vice-présidente CFDT du régime, elle a fait part de "l'extrême frustration des opérateurs privés ayant travaillé avec l'Unedic et jamais contactés par l'Ecole d'économie de Paris".
Elle s'est aussi fait l'écho des lenteurs coupables selon elle de Pôle emploi, qui a choisi 31 prestataires privés (groupes d'intérim, cabinets de reclassement) pour accompagner 320.000 chômeurs d'ici l'été 2011, un marché de 425 millions d'euros sur deux ans.
"Alors que le marché est passé depuis septembre, Pôle emploi ne renvoie pas vers les opérateurs privés les demandeurs d'emploi dont ces derniers ont la charge. En ce moment, il y a dans certaines régions de très gros problèmes, comme le Nord-Pas-de-Calais", a-t-elle dit.
La semaine dernière, Pôle emploi avait rejeté par la voix de son directeur général Christian Charpy tout retard lui incombant, imputant au contraire à certains opérateurs des problèmes de locaux adaptés.
"Avec Christian Charpy, il n'y a jamais de souci, vous avez remarqué. Il vit dans un monde merveilleux, et je l'en félicite parce qu'il faut des gens optimistes", a ironisé Mme Thomas.