La Chine et la Russie ont profité de la visite du Premier ministre russe Vladimir Poutine à Pékin pour signer mardi des dizaines de contrats de plusieurs milliards de dollars, dans le domaine énergétique et financier notamment.
Une première série d'accords a totalisé 3,5 milliards de dollars, a annoncé le vice-Premier ministre russe Alexandre Zhoukov.
D'autres accords devaient être signés lors de la rencontre dans l'après-midi entre M. Poutine et son homologue Wen Jiabao.
Les deux pays devaient notamment sceller des livraisons sur le long terme de gaz russe à la Chine, de près de 70 milliards de mètres cubes par an, a annoncé le patron du groupe russe Gazprom, Alexeï Miller.
La Russie, qui a été confrontée à une nette baisse de la consommation en Europe, cherche de plus en plus à se tourner vers les marchés de l'Asie-Pacifique, où la demande est croissante.
La Chine, pour sa part, parcourt les continents pour diversifier ses sources d'approvisionnement et lorgne les ressources énergétiques de son voisin depuis plusieurs années.
Dès 2006, le géant pétrolier chinois CNPC (China National Petroleum Corporation) s'était entendu avec Gazprom pour des livraisons allant jusqu'à 80 milliards de m3 de gaz russe par an à la Chine. Mais le projet a été retardé par un désaccord sur les prix, selon Gazprom.
Au total une quarantaine d'accords ont été paraphés mardi matin, dont un de 500 millions de dollars entre Vnesheconombank, aussi baptisée banque russe de développement, et la Export-Import Bank of China.
Un deuxième accord financier, également de 500 millions de dollars, a été conclu entre la russe VTB bank et l'Agricultural Bank of China, selon Alexandre Zhoukov.
"C'est peut-être la première fois que des accords commerciaux de cette importance sont conclus dans ces proportions entre entreprises chinoises et russes", a remarqué M. Zhoukov.
Selon l'agence Dow Jones Newswire, qui cite les deux établissements concernés, la China Development Bank a accepté mardi d'octroyer une ligne de crédit de de 500 millions de dollars à une banque russe.
Une série d'accords intergouvernementaux "très sérieux", selon M. Zhoukov, doivent aussi être signés.
La Russie et la Chine devraient notamment convenir de se prévenir mutuellement en cas de lancement de missiles balistiques à partir de leur territoire.
"La visite de M. Poutine devrait approfondir le partenariat politique stratégique" bilatéral en plus de "faire avancer la coopération bilatérale dans l'énergie", a dit à l'AFP Shi Yajun, un expert des relations sino-russes de l'Université normale de Chine de l'est.
En forte progression depuis le début de la décennie, le commerce bilatéral a atteint 56,83 milliards de dollars l'an dernier, selon les statistiques du ministère chinois du Commerce.
Il a pratiquement doublé par rapport à son niveau de 2005 (29,1 milliards de dollars) et surtout se rapproche du but que s'étaient fixés les partenaires il y a trois ans.
Lors d'une visite à Pékin en 2006 du Premier ministre russe d'alors, Mikhaïl Fradkov, son vice-Premier ministre Alexandre Joukov avait indiqué que les deux pays ambitionnaient d'arriver à des échanges de "60 à 80 milliards de dollars d'ici à 2010 et d'assurer 12 milliards de dollars d'investissements chinois dans la Fédération de Russie d'ici à 2020".
Pour sa part, le président chinois Hu Jintao, qui s'est rendu à Moscou en juin, avait souligné que la Russie serait "toujours (...) une priorité" de la politique étrangère de la Chine.