
Les Conservateurs britanniques ont dévoilé mardi une série de mesures d'austérité destinées à redresser les finances publiques de la Grande-Bretagne, qui pourraient être appliquées dès la mi-2010 s'ils emportent les prochaines législatives, comme le pressentent les sondages.
"Nous coulons dans une mer de dette (...) les travaillistes nous ont mis dans ce pétrin et nous allons devoir en sortir", a averti George Osborne, porte-parole des Tories pour les Finances au deuxième jour du congrès du parti conservateur à Manchester.
Alors que la Grande-Bretagne tarde à sortir de la récession et est affaiblie par un déficit prévu de 175 milliards de livres (190 milliards d'euros, soit 12,4% du PIB) cette année, les Tories ont pris le parti de parler franchement aux électeurs.
Mais ils ont aussi voulu rassurer en soulignant que les réductions budgétaires seront "intelligentes" et préserveront les services publics essentiels, comme la santé, pour ne pas effrayer les Britanniques qui se rappellent des coupes drastiques de l'ère Thatcher.
"Les Conservateurs modernes comprennent que nous sommes tous dans le même bateau", a souligné George Osborne.
Les Tories comptent ainsi porter l'âge du départ à la retraite des hommes à 66 ans dès 2016, au lieu de 2026 comme actuellement prévu par le gouvernement travailliste.
Les femmes, qui reçoivent des allocations retraite dès 60 ans, verraient leur régime progressivement aligné sur celui des hommes, et l'âge de leur départ à la retraite repoussé à 66 ans vers 2020, ce qui permettrait d'économiser au total 13 milliards de livres par an.
Le gouvernement britannique a annoncé mardi un gel l'an prochain du traitement des personnels de la fonction publique les mieux rémunérés. Mais les Tories ont averti qu'ils iraient plus loin avec un gel des salaires de tous les fonctionnaires gagnant plus de 18.000 livres par an à partir de 2011, une mesure qui selon les conservateurs permettraient de "sauver 100.000 emplois publics".
Le versement de nombre d'allocations sociales sera durci, avec notamment un renforcement des contrôles sur les allocations perçues par les Britanniques qui ne peuvent pas travailler pour raison de santé.
Et une réduction des coûts de fonctionnement du gouvernement "d'au moins un tiers", devrait permettre d'économiser 3 milliards de livres par an, selon M. Osborne.
En revanche la tranche la plus haute de l'impôt sur le revenu de 50%, introduite par les travaillistes, devrait rester en vigueur pour le moment, a-t-il indiqué, soulignant que les plus riches devaient aussi participer à l'effort de redressement des finances.
Les Tories, qui voient la victoire électorale à portée de main, se présentent comme un parti modernisé et "compatissant", loin de l'image des Tories du temps de "la Dame de fer", Margaret Thatcher.
Pourtant, 68% des Britanniques pensent que les Tories n'ont pas beaucoup changé, et que leur succès est dû "principalement au fait que le Labour est devenu très impopulaire", selon un sondage populus publié mardi par le Times.
La ministre britannique du Travail Yvette Cooper a dénoncé "un raid punitif sur les retraites" par les Tories. Et Brendan Barber, secrétaire général du TUC, qui regroupe les principaux syndicats, a accusé les Conservateurs de vouloir "faire payer aux travailleurs du secteur public" une récession "causée par l'explosion d'une bulle spéculative produite par les banquiers".