
Les ministres européens de l'Agriculture se sont réunis lundi à Bruxelles pour tenter de trouver des solutions à la crise du secteur laitier, et de surmonter leurs divisions entre tenants des subventions et partisans de la libéralisation.
L'UE est sous pression pour agir. Dans un vacarme de cloches et de klaxons, accompagné de jets isolés de marrons ou d'oeufs, plusieurs centaines de producteurs laitiers manifestaient leur colère devant le lieu de la réunion, au coeur du quartier européen de la ville.
Ils étaient tenus à distance par un important barrage policier et des barricades de barbelés.
Selon la police, une trentaine de bus soit environ 1.500 manifestants supplémentaires convergeaient en fin de matinée vers le lieu de la manifestation.
De nombreux producteurs de lait en Europe se disent étranglés par la baisse des cours, de plus de 50% dans certains pays par rapport à un pic atteint en 2007-2008. Ils menacent de reprendre leur récente grève des livraisons de lait si la réunion ne débouche sur rien.
La rencontre de Bruxelles, qui devait démarrer en milieu de journée, s'annonce comme un bras de fer entre partisans de la poursuite de la libéralisation du marché, de la baisse des subventions et de la suppression des quotas de production laitière d'ici 2015, et partisans du maintien d'une régulation du secteur et d'aides importantes.
Défendant son bilan, la commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel se dit "ouverte aux bonnes idées" mais réfute celle d'une hausse artificielle des prix.
La réunion a été convoquée par la présidence suédoise de l'UE, à la demande de la France. Paris est en première ligne d'une fronde contre la politique jugée trop libérale de la commissaire danoise.
La présidence suédoise de l'Union européenne a réservé un accueil très prudent lundi aux propositions de "nouvelle régulation" du secteur, défendues par une vingtaine de pays, dont la France et l'Allemagne, qui ont réaffirmé lundi leur position.
"Je m'en tiens au +bilan de santé+ de la Politique agricole commune car je veux davantage de libéralisation du marché du secteur laitier", a déclaré de son côté le ministre suédois de l'Agriculture Eskil Erlandsson, interrogé sur cette proposition.

La "Bilan de santé" de la PAC est le nom donné à une réforme récente de la PAC qui a accentué la libéralisation et la dérégulation du secteur agricole européen, en diminuant notamment les subventions versées.
La question d'une éventuelle hausse des subventions "ne sera pas décidée" lundi, a-t-il souligné, précisant seulement qu'il allait "écouter les propositions françaises".
Le secrétaire d'Etat allemand à l'Agriculture, Gert Lindemann, a indiqué lundi vouloir des "mesures d'accompagnement" à la hausse en cours des quotas de production laitière dans l'UE, rendue responsable par certains producteurs de la baisse des prix.
Il a reconnu toutefois qu'il n'y avait "pas d'unité" entre les pays de l'UE et qu'il serait difficile notamment de revenir sur la hausse des quotas laitiers.
Quelques heures avant la réunion, des manifestants de l'organisation allemande des producteurs laitiers ont également violemment apostrophé le président de la fédération agricole allemande DBV, Gerd Sonnleitner, qu'ils accusent de ne pas représenter leurs intérêts et de privilégier ceux des grandes exploitations.
Alors que M. Sonnleitner, par ailleurs vice-président du Comité européen des organisations professionnelles agricoles (Copa), passait devant les manifestants, une fourche en bois, des oeufs et des marrons ont fusé dans sa direction dans un vacarme de huées et de cloches de vaches.