Le syndicat Sud-PTT a estimé qu'entre 30 et 40% de salariés de France Télécom était en grève mardi matin, à l'appel de l'ensemble des organisations syndicales, pour dénoncer la souffrance au travail et les 24 suicides qui ont endeuillé l'entreprise en moins de deux ans.
"A 10H00, les premières estimations de grève sont entre 30 et 40% pour cette première journée", a indiqué le syndicat dans un communiqué.
La direction doit prochainement donner son propre chiffre.
Les syndicats ont appelé à une journée d'action mardi, sous forme de grèves, débrayages, rassemblements, etc., avant une nouvelle journée mercredi, dans le cadre d'un appel international pour "un travail décent".
"Le personnel est mobilisé et l'émotion liée à la vague des suicides fait place aujourd?hui à une volonté revendicative", a ajouté le syndicat, citant plusieurs revendications : "recrutements pour alléger la charge de travail, dix minutes de pause toutes les heures dans les centres d'appels, arrêt des méthodes de surveillance et de flicage, arrêt des entretiens managériaux à répétition...".
Le départ de Louis-Pierre Wenes, numéro 2 du groupe, "artisan des plans de suppression d'emploi et de méthodes de management par le stress", est selon le syndicat "un premier pas", et le report de la fin du gel des mobilités du 31 octobre au 31 décembre est "une autre bonne nouvelle".
Mais "cela n'est pas suffisant pour que la négociation engagée se déroule dans la sérénité", estime Sud-PTT, réaffirmant son "exigence unitaire d?un moratoire en quatre points jusqu'à la fin des négociations: arrêt des suppressions d'emploi, des mobilités forcées, des fermetures de sites et des objectifs individuels".
Inquiet de la nomination de Stéphane Richard en remplacement de M. Wenes, Sud souligne qu'il arrive "en pleine tourmente sans que soit clarifié son projet industriel et financier".
Louis-Pierre Wenes, directeur général adjoint en charge des opérations France, a présenté sa démission à Didier Lombard, qui l'a acceptée. L'homme, qui avait focalisé l'animosité des syndicats reste toutefois "conseiller du président", a précisé la direction.
"Rien ne justifie que des hommes et des femmes mettent fin à leurs jours. Hier comme aujourd'hui, je ne peux l'accepter", a déclaré M. Wenes dans un courrier interne aux salariés. Des propos qui tranchent avec la sévérité de ses déclarations récentes au Nouvel Observateur, où il regrettait qu'"une petite partie des employés n'arrivent pas à changer de culture: passer du 22 à Asnières à la Livebox internet".
Les syndicats se sont félicité lundi de ce départ: "On a réussi", s'est réjoui Patrice Diochet (CFTC), estimant que c'était "la première mesure pour montrer la volonté de France Télécom de changer le mode de management de l'entreprise".