
Sortie de la récession plus vite que prévu, l'économie française poursuit son lent redressement, mais, freiné par la flambée du chômage, celui-ci s'apparente davantage à une convalescence qu'à une guérison, selon l'Insee.
Après avoir renoué avec la croissance au deuxième trimestre (+0,3%), le produit intérieur brut (PIB) devrait progresser de 0,5% au troisième trimestre puis de 0,3% à nouveau sur les trois derniers mois de l'année, a affirmé jeudi l'Institut national de la statistique.
Cette "croissance modeste" en fin d'année n'empêchera pas l'économie française d'enregistrer sa plus forte contraction depuis l'après-guerre (-2,2%) sur l'ensemble de 2009, en raison de l'effondrement de l'activité au premier trimestre, a annoncé Benoît Heitz, responsable de la synthèse conjoncturelle à l'Insee.
C'est néanmoins mieux que ce que prévoyait l'Institut en juin (-3%).
Le retour de la croissance au printemps, bien plus "précoce" qu'attendu, a été "une franche surprise", a expliqué Benoît Heitz.
Mais des "incertitudes entourent encore le redémarrage de l'économie", a souligné Sandrine Duchêne, qui dirige le département conjoncture, évoquant une phase de "convalescence".
"C'est un état intermédiaire entre la maladie et la guérison, où l'on va mieux mais où l'on est encore fragile et où la rechute n'est pas impossible même si on l'espère très peu probable", a-t-elle précisé.
Preuve de cette fragilité, le marché du travail va encore se détériorer. Fin 2009, le taux de chômage s'établirait à 9,7% en métropole et à 10,1% avec les départements d'Outre-mer: c'est moins que ce que l'Insee prévoyait en juin, mais tout de même une hausse de deux points en un an.
Ce diagnostic fait écho à celui du gouvernement, qui table sur une récession de -2,25% cette année, puis sur une croissance de 0,75% en 2010. La vraie reprise n'est espérée qu'en 2011, avec un PIB en hausse de 2,5%.
Les pages les plus sombres de la crise semblent donc avoir été tournées.
La production industrielle devrait ainsi poursuivre son rebond au second semestre, tandis que l'investissement des entreprises ralentirait sa descente aux enfers.
Selon l'Insee, l'environnement économique mondial est devenu "plus porteur" grâce à la reprise dans les pays émergents et aux dispositifs de "prime à la casse" qui ont contribué à doper les exportations d'automobiles françaises.
Le rétablissement du commerce international devrait encore tirer ces exportations d'ici la fin de l'année, mais à un rythme moins soutenu au dernier trimestre à cause de la fin programmée de la prime à la casse en Allemagne.
En France en revanche, le pouvoir d'achat des ménages va "marquer le pas sur les deux derniers trimestres", mais il devrait tout de même augmenter davantage cette année que l'an dernier (+2,1% après +0,6%).
La "stagnation" prévue pour la fin de l'année est due au retour de l'inflation en terrain positif (+1% en décembre contre -0,2% en août) et à une baisse des revenus d'activité liée au chômage élevé. En outre, le plan de relance va moins soutenir le pouvoir d'achat qu'au premier semestre.
Résultat: sans céder complètement, la consommation des ménages, qui tire habituellement la croissance française, "enregistrerait une hausse modérée pour la deuxième année consécutive (0,7% en 2009 après 0,9% en 2008)", selon l'Insee.
D'autant que la dégradation du marché du travail incite à la constitution d'une épargne de précaution. Le taux d'épargne devrait grimper de plus d'un point en 2009, à 16,5%.