
Les banques européennes sont "suffisamment capitalisées", selon des tests de résistance qui évaluent à 400 milliards d'euros au maximum les pertes que les principales d'entre elles risquent cette année et l'an prochain.
"Les grandes banques de l'UE semblent suffisamment capitalisées pour faire face à une détérioration macroéconomique sévère", se sont félicités jeudi dans un communiqué commun les ministres des Finances de l'UE, réunis à Göteborg en Suède.
Ils y ont découvert les résultats de tests coordonnés menés ces derniers mois en Europe pour évaluer la santé des banques et leur capacité à faire face à une crise extrême. Vingt-deux grands groupes bancaires transfrontaliers, pesant environ 60% des actifs totaux du secteur en Europe, y ont été soumis.
Le scénario catastrophe était une contraction économique de 5,2% en 2009 et de 2,7% en 2010, bien pire que les dernières prévisions de la Commission européenne, qui attend des baisses de seulement 4% et 0,1%.
Le ministre suédois des Finances Anders Borg, dont le pays préside l'UE, et le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet ont tous les deux jugé les résultats obtenus "rassurants".
La capacité de résistance de l'ensemble du système européen "est très forte", a aussi déclaré la ministre française des Finances, Christine Lagarde, se félicitant que les banques françaises (3 des 22 testées) "passent haut la main le test".
Le gouverneur de la banque centrale allemande Axel Weber a pour sa part relativisé le chiffre de 400 milliards de pertes, qui représente "une toute petite partie" des aides accordées aux banques par les gouvernements européens.
Le montant doit aussi "être regardé relativement au capital total des différentes banques": même dans le pire des scénarios, "toutes les banques sont nettement au-dessus des valeurs minimales" de fonds propres imposées actuellement, a-t-il souligné, parlant de "fin d'alerte".
De tels tests sont menés régulièrement au niveau national en Europe, mais leurs résultats ne sont généralement pas communiqués.
Le chiffre dévoilé jeudi n'est lui aussi qu'un os à ronger pour ceux qui estiment que les résultats détaillés des tests européens devraient être publiés, à l'image de ce qui a été fait en juin pour les 19 plus grandes banques des Etats-Unis.
L'ocde notamment a réclamé "des tests de résistance systématiques, rigoureux et transparents" en Europe.
"Les tests de résistance peuvent être un outil très utile pour restaurer la confiance, mais ils doivent être à la fois crédibles et entièrement dévoilés", a aussi commenté mardi le gouverneur de la banque centrale suédoise, Stefan Ingves.
Mais les Européens divergent sur l'opportunité d'une telle publication.
La France s'y est dit dans le passé plutôt favorable. Ses banques semblent déjà en meilleure posture: deux d'entre elles, BNP Paribas et le Crédit Mutuel, ont déjà décidé de rembourser les fonds prêtés par l'Etat.
L'Allemagne en revanche, dont plusieurs institutions financières sont en grandes difficultés, n'a pas caché ses réticences.
Même si les tests sont encourageants, les banques européennes ne sont pas au bout du chemin.
Christine Lagarde a appelé de ses voeux des tests réguliers, de routine, "pour que nous puissions vérifier et contrôler à quel point le système (bancaire) est sûr et solide".
"Les banques sont suffisamment capitalisées, mais pour éviter de futures crises (...) il va falloir augmenter leur capitalisation, et nettement, mais aussi la qualité" de leurs fonds, a aussi averti Axel Weber.
De nouvelles règles, plus strictes, doivent être introduites mais "de telle sorte qu'elles ne pénalisent pas la reprise économique", a-t-il ajouté.