
La stabilité financière mondiale s'améliore mais les risquent restent encore "élevés" pour l'ensemble du système, même si le coût de la crise pour la finance planétaire pourrait être moins élevé que prévu, selon un rapport du Fonds monétaire international publié mercredi.
La crise née en août 2007 avec l'explosion de la bulle des crédits immobiliers à risque devrait coûter au total 3.400 milliards de dollars au système financier, écrit le FMI dans son "Rapport sur la stabilité financière mondiale", dont il avait déjà publié une partie le 21 septembre
Ce chiffre correspond au coût que vont devoir supporter les banques et autres institutions financières de la planète en raison de la baisse de la valeur constatée ou probable des actifs financiers qu'elles détiennent.
Il représente une nette amélioration par rapport à la précédente estimation de 4.000 milliards de dollars avancée par le FMI en avril.
Notant "l'incertitude considérable" qui entoure la réalisation de son pronostic, le FMI indique que la baisse de l'ardoise estimée par rapport à avril "est due en grande partie à la hausse de la valeur des titres de placement" du fait du rebond des marchés financiers, mais "redoute [...] que le crédit ne continue de se détériorer", en particulier dans le domaine de l'immobilier commercial dont "la dégradation bat désormais son plein".
Si les choses semblent se stabiliser dans le domaine de l'immobilier de logement, à l'origine de la crise, le FMI dit craindre une poussée des défauts de paiements dans le domaine des crédits à la consommation avec la montée attendue du chômage aux Etats-Unis et en Europe.
Pour les seules banques, la facture risque de se monter à 2.800 milliards de dollars au total, écrit le FMI, confirmant son estimation d'avril: aux 1.300 milliards de dollars de pertes déjà constatées devraient s'ajouter 1.500 milliards de pertes encore à venir. Pour le FMI, plus de 94% des pertes seront à mettre sur le compte des banques américaines et européennes réunies.
Par rapport au mois d'avril, "les marchés financiers ont connu un rebond, les risques des marchés émergents se sont amoindris, les banques ont réussi à mobiliser des fonds propres et les marchés de financement de gros sont de nouveau actifs", écrit le FMI.
"Cela étant, les circuits du crédit restent grippés et la reprise économique risque d?être timide" ajoute le Fonds.
L'organisation multilatérale prévoit "une baisse de l?offre du crédit bancaire pour le reste de 2009 et au début de 2010 aux États-Unis et en Europe" et juge "a priori que l?offre risque de ne pas être à la hauteur de la demande du secteur privé, même si celle-ci [reste] faible."
"Vu les contraintes de capacité de crédit", conclut le FMI, "il faut agir avec détermination pour purger les bilans bancaires des actifs compromis et illiquides et relancer la titrisation".
Jusqu'à présent le FMI a prêché dans le vide pour que les pouvoirs publics organisent rapidement la reprise de ces actifs accumulés pendant la dernière bulle immobilière, mais un de ses anciens économistes en chef, Michael Mussa a estimé mi-septembre que "la reprise de l'économie [réparerait] le système bancaire", et non l'inverse.
Le Fonds, qui avait mis en sourdine ses exigences avec l'apparition de la reprise, estime désormais qu'il faudra "redoubler d'efforts pour accroître les fonds propres bancaires et extirper les actifs compromis des bilans".