La présidence suédoise de l'UE a convoqué mercredi une réunion extraordinaire des ministres de l'Agriculture face à la crise du secteur laitier, sous la pression de pays comme la France qui réclament plus d'aides en faveur des producteurs, dont le mouvement de grève se poursuit.
"En raison de la situation sur le marché du lait dans plusieurs Etats membres, j'ai décidé d'inviter mes 26 collègues européens à une réunion le 5 octobre à Bruxelles", a déclaré le ministre suédois de l'Agriculture, Eskil Erlandsson à l'AFP.
Depuis un appel à la grève des livraisons aux laiteries lancé pour toute l'Europe le 10 septembre, les épandages de lait et les actions pour dénoncer la crise d'un secteur victime de la chute des prix se sont multipliés, notamment à Bruxelles, en France, en Allemagne, en Suisse, en Italie ou en Espagne.
La Commission européenne est sous pression. Une vingtaine de pays européens dont la France, l'Allemagne et la Pologne ont jugé insuffisantes des propositions de Bruxelles la semaine dernière.
Dernière en date, l'Italie, qui faisait jusque là bande à part, s'est ralliée mercredi à la position franco-allemande.
La commissaire à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, avait notamment proposé de faciliter les aides à la reconversion pour les producteurs, via des rachats de quotas. option refusée sèchement par la France et les syndicats agricoles.
Elle a également augmenté le plafond des aides publiques autorisées dans l'UE pour le secteur laitier et accepté d'étudier un mécanisme de négociation des prix au niveau national entre producteurs et industriels.
La présidence suédoise a indiqué mercredi que Mme Fischer Boel, serait chargée de présenter "une feuille de route" lors de la réunion du 5 octobre pour trouver des solutions à la chute des cours.
La Commission sera également chargée de former "un groupe d'experts de haut niveau" sur la question, a indiqué M. Erlandsson.
A Bruxelles, le porte-parole de la commissaire a relativisé la portée de cette réunion, affirmant que selon lui "aucune décision", n'allait y être prise.
"Mariann Fischer Boel écoutera les ministres et exposera ses idées pour le secteur laitier". Elle détaillera notamment ses projets "de long terme", comme la mise en place de ce groupe d'experts, a précisé Michael Mann.
La commissaire danoise, qui défend la libéralisation agricole, est en conflit quasi-ouvert avec la France.
Paris a pris la tête d'une fronde en faveur d'une "nouvelle régulation" européenne pour protéger le secteur laitier, plaidant pour le maintien d'aides importantes pour soutenir les prix, et avait expressément demandé lundi une réunion extraordinaire européenne.
Mercredi à Paris, le Premier ministre français François Fillon a encore martelé le message, estimant que cette régulation devait "viser à corriger les aléas des cours".
Ce bras de fer illustre les divisions entre pays européens sur l'avenir de l'agriculture dans l'UE, entre libéraux partisans de la dérégulation du nord de l'Europe, et ceux qui estiment que le secteur doit continuer à être subventionné.
La chute récente des prix du lait, de plus de 50% dans certains pays de l'UE, est à l'origine de la grogne des producteurs.
Parti de France et de Belgique, le mouvement de protestations, illustré par de spectaculaires épandages de dizaines de milliers de litres de lait, a gagné d'autres pays européens comme la Suisse, l'Italie ou l'Espagne.
Les agriculteurs de la confédération européenne des producteurs laitiers (EMB) à l'origine de la "grève du lait" ont annoncé mercredi leur intention de poursuivre le mouvement.