Les dirigeants européens comptent mettre la pression sur les Etats-Unis au sujet des bonus, lors de leur sommet jeudi soir, en appelant les pays du G20 à prévoir des menaces de "sanctions au niveau national" afin d'obliger les banques à les encadrer.
Dans un projet de document final obtenu mercredi par l'AFP, qui sera soumis aux chefs d'Etat et de gouvernement européens jeudi soir lors d'une réunion préparatoire au G20, l'UE demande que la "rémunération variable" versée aux banquiers soit "limitée".
Elle devrait être calculée par rapport aux salaires fixes ou en fonction des revenus ou bénéfices des établissements financiers, selon ce document encore susceptible d'être modifié.
Surtout, les Européens comptent demander que les bonus à l'avenir prennent "bien en compte les évolutions négatives afin d'éviter le versement de bonus garantis".
Pour rendre ces nouveaux mécanismes crédibles, les dirigeants européens souhaitent que "le G20 s'engage à se mettre d'accord sur des règles contraignantes pour les institutions financières sur les rémunérations variables, soutenues par la menace de sanctions au niveau national".
Le projet de texte reprend l'essentiel d'une initiative en ce sens de la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne.
Au G20, "nous avons besoin d'une percée sur les bonus car nous voyons un retour aux comportements (du passé), à présent que la situation s'améliore un peu", a dit également mercredi le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, dont le pays préside l'UE.
Il ne sera toutefois pas facile aux Européens présents au sommet des pays riches et émergents du G20 à Pittsburgh, en fin de semaine prochaine, de convaincre les Etats-Unis.
Lundi le président Barack Obama s'est ainsi clairement prononcé contre l'idée d'un plafonnement des primes, que promeut la France notamment.
"Nous sommes dans un pays où, de manière générale, on ne dit pas: vous ne pouvez pas payer les gens à un niveau, quel qu'il soit", à partir du moment où dans le privé le "marché" dit qu'il est prêt à l'accepter, a-t-il dit.
Le projet de texte final du sommet européen va plus loin que l'accord a minima trouvé par les ministres des Finances des pays du G20, dont celui des Etats-Unis, à Londres le 5 septembre.
Ils avaient alors retenu le principe de la transparence des bonus, de leur étalement dans le temps, mais n'avaient pas trouvé d'accord sur le principe de sanctions.
Par ailleurs, les dirigeants européens devraient mettre l'accent jeudi à Bruxelles sur la nécessité de réduire les déficits publics à terme, après les dizaines de milliards d'euros dépensés depuis l'automne 2008 par les pouvoirs publics pour financer des plans de relance.
Leur projet de texte final parle de "réorienter" les politiques budgétaires.
Mais ce passage suscite des réserves de pays comme la Grande-Bretagne qui jugent qu'il est trop tôt pour se fixer un tel objectif.
"Le Royaume-Uni veut être sûr que nous sommes sortis d'affaire avant de commencer à parler" de baisse des déficits, indique un diplomate européen.
Un autre sujet pourrait revenir au premier plan lors du sommet de l'UE: la taxe Tobin, ce prélèvement sur les transactions financières pour aider les pays pauvres. Le sujet a repris de l'acuité avec les excès spéculatifs des marchés.
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a apporté son soutien à cette idée, dans le journal allemand Handelsblatt à paraître jeudi. Comme l'avait fait déjà la veille président de la Commission européenne José Manuel Barroso.