Les salariés de l'usine Molex de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), désabusés, ont affiché mardi leur méfiance vis-à-vis d'une reprise partielle de leur usine de connectique automobile par le fonds d'investissement américain HIG.
Donnant le ton d'une journée marquée par une suite d'assemblées générales du personnel et de réunions des élus du comité d'entreprise avec la direction à la préfecture de la Haute-Garonne à Toulouse, un employé, Jean-François Porté, avouait dès le matin en apprenant la signature du protocole avec HIG : "J'ai fini de rêver".
En début d'après-midi, une assemblée générale du personnel à Villemur-sur-Tarn a décidé de reporter à 21H00 son vote sur le mandat à donner à ses représentants au comité d'entreprise, prévu dans l'après-midi à la préfecture de Toulouse, "pour connaître tous les tenants et aboutissants du plan social".
Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi avait annoncé mardi matin sur France 2 avoir "signé (...) la reprise, par un fonds industriel, d'une part de l'activité de Molex et de la relance d'une activité industrielle sur le site de Villemur".
Il avait indiqué que la reprise "représentait dans un premier temps entre 60 et 70 personnes". Mais "je veux une remontée en puissance de 200 à 300 salariés dans les trois ans qui viennent", avait-il ajouté.
Dans un communiqué, le ministre a indiqué que "l'Etat s'engage en apportant 6,6 millions d'euros sous forme d'un prêt à titre de garantie", tandis que "HIG Capital apporte, de son côté, 1 million d'euros en capital".
Molex "va par ailleurs céder l'usine avec les machines pour l'euro symbolique", a souligné Christian Estrosi qui a précisé avoir "obtenu de Molex qu'il apporte 5,4 millions de cash pour permettre à ce projet d'aboutir, en plus des 2,5 millions d'euros de chiffre d'affaires pendant deux ans".
"On ne peut pas parler de reprise lorsque seulement 20 salariés sont maintenus" dans un premier temps, a martelé devant la presse le secrétaire du CE de l'usine Molex de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), Denis Parise (CGT), à la mi-journée, après la présentation à la préfecture du rapport du cabinet d'expertise Syndex mandaté par les syndicats, qui conclut à la viabilité de l'entreprise.
"La direction exige que le CE rende un avis, positif ou négatif, sur son plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) avant 23H30. Si nous voulons gratter quelque chose de plus, il nous faut maintenir la pression. Je propose de repousser le vote de l'AG sur la conduite à tenir jusqu'à 21H00", a-t-il ensuite lancé devant une centaine de salariés.
"C'est toujours le même chantage, la direction ne respecte vraiment rien", a déclaré pour sa part le délégué CGT Guy Pavan, en soulignant que toute une série d'informations sur la justification économique de la fermeture était encore manquante.
Selon Olivier de Gauque, du cabinet Syndex, "la position dure serait de ne pas rendre d'avis, devant l'insuffisance des justifications économiques".
"Ils gagneraient sans doute en justice, mais dans un ou deux ans. En attendant, la direction menace dans ce cas de réduire les indemnités et d'annuler l'accord avec HIG, voire de déposer le bilan. Voilà le dilemme", a-t-il expliqué.