
Les pertes nettes d'emplois salariés, qui touchent désormais fortement les emplois durables, ont ralenti en France au deuxième trimestre par rapport au premier, selon l'Insee et l'Unedic, une décélération qui n'est pas constatée par les Urssaf.
Si tout le monde constate que les destructions d'emplois ont continué, leur rythme varie quasiment du simple au triple en fonction des organismes. L'évolution de l'intérim est au coeur de ces différences d'appréciation.
L'économie a enregistré 106.800 destructions nettes d'emplois dans le privé (-0,6% sur trois mois, -2,1% sur un an), après 178.700 au premier trimestre, selon des données Insee révisées diffusées jeudi par le ministère de l'Emploi.
Cela semble marquer un infléchissement puisque la différence entre emplois créés et détruits était de plus en plus négative chaque trimestre depuis quasiment un an. Sur douze mois, les pertes nettes ont atteint 381.000, ramenant le nombre de salariés à 17,9 millions fin juin.
La tendance est la même pour l'Unedic (assurance-chômage), qui, avec un champ statistique plus étroit, a fait état de 76.700 pertes nettes d'emplois salariés sur un trimestre : -0,5% contre -1% au premier trimestre.
Mais l'Acoss, qui fédère les Urssaf chargées de collecter les cotisations sociales des entreprises, fait un constat différent. Ses statistiques font état d'autant de pertes nettes d'emplois (-207.000 sur un trimestre, soit -1,2%) au deuxième trimestre qu'au premier trimestre.

Selon l'Insee, "la baisse se poursuit, mais elle est moins marquée qu'en début d'année" et "pour la première fois depuis le deuxième trimestre 2008, entièrement imputable aux secteurs hors intérim".
Après avoir été les premiers touchés par la crise de l'emploi, les effectifs intérimaires se sont "stabilisés" selon l'Insee au deuxième trimestre (+2.500 postes, +0,6%) après deux trimestres de très forte chute, l'Unedic parlant même de progression.
"La décélération des destructions nettes d'emplois s'explique par une progression de l'intérim. Cela masque une baisse de l'emploi hors intérim plus forte qu'au premier trimestre. Le noyau dur de l'emploi continue d'être très touché", dit le directeur des statistiques de Pôle emploi Bernard Ernst.
Dans l?industrie, l'hémorragie des effectifs s'est accentuée suivant un rythme trimestriel "jamais observé par le passé" selon M. Ernst. Dans les services (qui incluent l'intérim) et dans la construction, les pertes d'emplois ont décéléré comparé au premier trimestre.
Lors des trois premiers mois de 2009, l'économie française avait détruit près de deux fois plus d'emplois salariés que sur l'ensemble de l'année 2008, un record historique qui avait attaqué le noyau des emplois durables.
A la différence des autres organismes, l'Acoss n'a pas observé de redressement de l'intérim. "La baisse de l'emploi provient surtout de l'intérim", qui a perdu environ 48.000 postes (-9%) suivant "un rythme moins soutenu qu'au trimestre précédent", selon la banque de la Sécurité sociale, dont le champ statistique et les instruments de mesure diffèrent de l'Insee et l'Unedic.
Dans tous les cas, "un mouvement de reprise de confiance de l'activité a un effet sur le niveau de chômage décalé de un, deux ou trois trimestres", a rappelé mercredi le directeur général de Pôle emploi, Christian Charpy. "Pôle emploi a donc pas mal de travail", dit-il.