Les représentants de l'Opep ont décidé de maintenir leur niveau de production de pétrole tout en affichant un optimisme très mesuré sur la fin de la crise mondiale, à l'issue d'une réunion ministérielle dans la nuit de mercredi à jeudi à Vienne.
"Etant donné que le marché est toujours suralimenté et qu'il existe un risque de rechute compte tenu de l'extrême fragilité de la reprise, la conférence a une nouvelle fois décidé de maintenir ses niveaux actuels de production", indique l'Opep dans son communiqué final.
Sans surprise, l'Opep conserve son objectif global de production de 24,84 millions de barils par jour (mbj) qu'elle s'était fixé à la fin 2008 pour enrayer la chute vertigineuse du prix du baril, tombé jusqu'à 32 dollars et remonté aujourd'hui autour de 70 dollars.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) n'a donc pas souhaité prendre le risque de restreindre sa production et de faire flamber les prix.
"Nous marchons sur une ligne étroite. Nous ne voulons pas prendre de décisions qui compromettront la reprise", a déclaré le secrétaire général de l'Organisation, le Libyen Abdallah el-Badri, lors d'une conférence de presse.
"A partir de 80 dollars (le baril), les prix nuisent à l'économie", selon le ministre qatari, Abdallah al-Attiyah.
Le cartel a par ailleurs exprimé son inquiétude persistante sur l'ampleur des stocks et la faiblesse de la demande mondiale, relevant les "grandes inquiétudes" qui demeurent "sur le rythme et l'ampleur de (la) reprise spécialement dans les grandes nations industrialisées".
Ces derniers jours, les ministres du cartel présents à Vienne avaient estimé que le surplus d'or noir sur le marché pourrait être absorbé par un meilleur respect des quotas. A l'heure actuelle, les baisses de production décidées fin 2008 ne sont respectées qu'à hauteur de 68%.
Mais, curieusement, la déclaration finale de l'Organisation ne contient aucun rappel à la discipline sur ce point.
"Quand on prend une décision, on aimerait que les Etats membres y adhèrent", s'est contenté de dire M. el-Badri en conférence de presse.
Selon Jason Schenker, analyste chez Prestige Economics, le communiqué final révèle combien "les espoirs de reprise sont minces".
Les inquiétudes exprimées dans le communiqué final contrastent singulièrement avec l'optimisme affiché, à l'ouverture de la réunion, par le président en exercice de l'Opep, le ministre angolais du Pétrole, José Maria Botelho de Vasconcelos.
"Les jours les plus sombres de la tourmente financière et de la récession économique sont derrière nous", avait-il déclaré.
Ces derniers jours, plusieurs autres ministres de l'Opep avaient affiché leur optimisme, décrivant un "marché stable" et des "prix bons pour tour le monde".
Par la voix de son président, l'Opep a également fait part de ses inquiétudes concernant la prochaine conférence de l'ONU sur le changement climatique.
"Les pays producteurs de pétrole doivent s'assurer que leurs intérêts seront bien représentés dans les accords post Kyoto" lors des négociations de Copenhague du 7 au 18 décembre à Copenhague, a déclaré M. Vasconcelos.
Le secrétaire général s'est montré plus catégorique. "Nous ne voulons pas être pénalisés (...) sous prétexte que nous sommes des pays producteurs de pétrole. Oui l'environnement est important mais les pays en développement n'ont pas à assumer seuls la charge de la lutte contre la pollution", a tonné M. al-Badri en conférence de presse.
L'Opep tiendra sa prochaine réunion extraordinaire le 22 décembre à Luanda (Angola) et la réunion ordinaire suivante aura lieu à Vienne le 17 mars prochain.