Le président russe Dmitri Medvedev a accusé lundi l'Ukraine de vouloir renégocier les modalités du transit gazier via son territoire, alors que des crises entre les deux pays perturbent régulièrement les livraisons de gaz russe à l'Europe.
"Ne payez pas !", a déclaré M. Medvedev au PDG du géant russe Gazprom, Alexeï Miller, qui lui faisait part d'une proposition de l'Ukraine, en difficultés financières, de modifier les modalités de paiement des taxes pour le transit du gaz russe.
"Il faut agir conformément au contrat signé (en janvier par les deux parties). Il a été conclu dans la douleur (...) Nous devons construire nos relations sur cette base", a ajouté le président lors de la rencontre au Kremlin, selon des images retransmises à la télévision russe.
"On n'a rien besoin d'inventer. Les temps ne sont pas non plus très faciles pour nous", a martelé M. Medvedev.
"L'Ukraine a pleinement payé le gaz russe livré ces derniers deux mois", a confirmé M. Miller lors de son entretien avec le président.
"Mais on entend dire chez nos partenaires ukrainiens qu'il ne serait pas mal de regarder la question d'un paiement anticipé via le transit gazier", a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
La Russie a payé par avance les taxes pour le transit de son gaz via l'Ukraine jusqu'à la fin du premier trimestre 2010, a souligné le patron de Gazprom.
Le représentant du président ukrainien sur les questions de l'énergie, Bohdan Sokolovski, a expliqué à la radio Echo de Moscou que le contrat de janvier était "trop discriminatoire" vis-à-vis de Kiev.
"La vie dicte la nécessité de revoir les contrats. Refuser de le faire revient à mettre en péril la coopération dans le secteur du gaz en général", a-t-il dit.
Mais un peu plus tard, le Premier ministre ukrainien, Ioulia Timochenko, adversaire déclarée du président Iouchtchenko, a démenti qu'il soit question de modifier le document.
"En aucun cas, nous n'avons besoin de changer de contrat. Et personne n'a soulevé cette question. Deuxièmement, les actes que le chef de (la société ukrainienne d'hydrocarbures, ndlr) Naftogaz est parti signer ne contredisent pas les contrats", a-t-elle dit dans des propos publiés sur le site du gouvernement ukrainien.
Toute esquisse de tension entre les deux pays est une source d'inquiétude pour l'Union européenne, alors qu'un quart du gaz consommé dans l'UE provient de Russie, dont 80% transite par l'Ukraine.
En janvier, les Européens ont ainsi subi une longue interruption des livraisons russes au beau milieu de l'hiver, en raison d'un conflit entre Kiev et Moscou sur le prix du gaz russe livré à l'Ukraine.
Après un nouveau spectre de guerre gazière en juin, le climat semblait toutefois s'être détendu, l'Ukraine ayant recommencé à remplir ses réservoirs, dont dépend l'approvisionnement de l'Europe en hiver, et payé ses factures gazières dans les délais.
L'Union européenne avait déclaré début septembre ne plus craindre de pénurie de gaz russe pour l'hiver, tout en restant "vigilante" pour prévenir d'éventuelles ruptures de livraisons liées à des différends russo-ukrainiens.
Le 1er septembre, Mme Timochenko s'est aussi montrée très optimiste, à l'issue d'une rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine, estimant que les crises gazières appartenaient au passé.