Le Premier ministre français François Fillon a prôné samedi une stratégie concertée en Europe pour sortir de la crise, en renforçant les investissements dans l'innovation et en rétablissant les finances publiques mises à mal par les plans de relance.
"Je vous propose une stratégie économique volontariste qui s'articule autour de trois idées: l'investissement dans la recherche et l'innovation, la réorientation des politiques communautaires au service de la croissance et de la compétitivité européenne et le rétablissement de NOS finances publiques par une programmation concertée", a déclaré M. Fillon.
"La stratégie de Lisbonne était un beau projet, plein d'ambition mais il faut reconnaître son échec", a-t-il jugé, dans un discours prononcé au Forum Ambrosetti qui réunit sur les bords du lac de Côme (nord de l'Italie) de nombreuses personnalités économiques et politiques.
En 2000, à Lisbonne l'UE s'était fixée une série d'objectifs pour devenir l'économie la plus compétitive et dynamique du monde d'ici à 2010.
Face à une perspective de "croissance molle" après la crise, M. Fillon a appelé les pays européens à créer du "nouveau PIB" en investissant chacun de leur côté ou à travers le budget communautaire dans l'innovation dans des "secteurs stratégiques" comme l'automobile, l'énergie ou l'environnement.
L'Europe ne doit pas hésiter par ailleurs à "mobiliser davantage" la Banque européenne d'investissement et doit "réfléchir aux moyens d'encourager la distribution de crédits à l'économie", a-t-il ajouté.
Selon le Premier ministre français, il faut par ailleurs renforcer les "tables rondes industrielles" européennes "dont il faut bien reconnaître malheureusement qu'elles n'ont pas souvent abouti à des décisions".
"Je pose peut-être de façon un peu provocatrice la question: Bruxelles est-il devenu le seul endroit au monde où l'on s'interdit de penser à l'avenir? L'histoire de l'Europe plaide pour qu'il n'en soit rien", a-t-il lancé.
Enfin, l'Europe doit se coordonner pour réduire les déficits publics qui ont explosé à la suite des plans de relance adoptés par les gouvernements pour contrer la crise, a insisté M. Fillon.
"Il serait dangereux que nous manquions (cet objectif) en ne coordonnant pas assez nos actions", a-t-il dit.
"L'Union européenne dispose de beaucoup plus de moyens qu'elle ne le croit. Ce qui lui manque, c'est trop souvent la volonté politique d'agir", a poursuivi M. Fillon.
"En 2008, l'Europe a sauvé le système financier international qui était au bord du gouffre. N'oublions pas ce sursaut et cette puissance que nous nous sommes découverts en plein désarroi ! Nous en avons encore besoin pour sortir de la crise et pour assurer demain nos emplois, notre croissance et notre rayonnement commun", a-t-il conclu.