A trois semaines du G20, le Français Nicolas Sarkozy et l'Allemande Angela Merkel ont enrôlé le Britannique Gordon Brown dans leur croisade pour la régulation de la finance mondiale, et réclament des "règles obligatoires" et des sanctions sur les rémunérations.
Dans un courrier au président en exercice de l'Union européenne (UE), le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, daté de mercredi, les trois dirigeants énumèrent une série de "principes" qu'ils souhaitent que les chef d'Etat et de gouvernement du G20 transforment en "règles obligatoires", lors du sommet des 24 et 25 septembre à Pittsburgh (Etats-Unis).
Le G20 doit "s'assurer que des sanctions existent au niveau national pour les banques qui n'appliquent pas ces règles", précisent-ils en évoquant à titre d'exemple la suspension des mandats accordés par les gouvernements aux banques récalcitrantes, déjà annoncée en France.
Sur le dossier symbolique des "bonus", Mme Merkel, M. Sarkozy et M. Brown se prononcent ainsi pour le plafonnement des rémunérations variables versées aux banquiers, "soit en proportion des rémunérations totales, soit en fonction des revenus et/ou des profits de la banque".
Ils estiment aussi que toutes les rémunérations variables doivent être fixées "à un niveau approprié par rapport à la rémunération fixe" et doivent "dépendre de la performance de la banque".
"Les rémunérations variables doivent prendre en compte les développements négatifs" et, le cas échéant, être réduites par les conseils d'administration des banques "en cas de détérioration des performances", poursuivent les trois dirigeants en prônant la mise en place de "comité de rémunérations".
"L'atténuation des tensions financières a conduit certains établissements financiers à penser qu'ils pourraient renouer avec les mêmes principes d'action qui prévalaient avant la crise. Nous ne pouvons l'accepter", justifient Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et Gordon Brown.
Le président français et la chancelière allemande avaient énuméré ces exigences dès leur rencontre bilatérale de lundi à Berlin, annonçant qu'elle seraient reprises dans une lettre adressée à la Suède.
La surprise est venu du ralliement à cette position très ferme du Premier ministre britannique Gordon Brown qui, même favorable à une limitation des bonus excessif, avait exprimé des réserves sur leur plafonnement. "Je pense que c'est difficile dans un ENVIRONNEMENT international", avait estimé mardi Gordon Brown dans le quotidien britannique Financial Times.
En déplacement jeudi dans l'Orne, Nicolas Sarkozy n'a pas caché sa satisfaction d'avoir réussi à enrôler Londres sous sa bannière. "Même les Anglais comprennent qu'il faut réguler, limiter, et que les scandales sont inacceptables", s'est-il ostensiblement réjoui devant la presse.
Dans ce courrier, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne ont également aligné leur position sur le reste du menu qui sera discuté à Pittsburgh.
Les trois dirigeants ont plaidé pour des sanctions à appliquer dès mars 2010 aux paradis fiscaux qui refusent de coopérer, ainsi que pour l'adoption de "stratégies de sortie de crise (...) coordonnées" et d'un calendrier de réforme du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, qu'ils veulent voir aboutir d'ici janvier 2011 et le printemps 2010.
Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et Gordon Brown souhaitent désormais faire endosser leurs propositions par les 27 pour que l'Europe envoie "un message fort et commun au G20". Selon l'Elysée, un sommet européen pourrait être programmé à cette fin le 17 septembre à Bruxelles.