
Après des mois de recul, la consommation de carburants a redémarré timidement en juin et juillet, atteignant même son plus haut niveau depuis six ans, sur fond de baisse des prix à la pompe et de légère reprise de l'activité industrielle.
Les livraisons de carburants en France ont augmenté de 7,7% en juin et de 2,1% en juillet par rapport aux mêmes mois de 2008, selon des chiffres encore provisoires fournis par l'Union française des industries pétrolières (Ufip).
En atteignant 4,75 millions de m3, la consommation d'essence a même atteint en juillet son plus haut niveau depuis juillet 2003.
Tout en les imputant à un "début de reprise économique", l'Ufip invite toutefois à faire une "lecture prudente" de ces chiffres. Sur 12 mois, la consommation de carburants reste en effet en baisse de 2,5% en France, note un porte-parole.
En outre, le très haut niveau de consommation atteint en juillet s'explique par la forte saisonnalité de la demande de carburants. Celle-ci est traditionnellement plus forte en été lorsque les Français partent en vacances.
"Cela pourrait être le signe d'un début de reprise économique, lié au redémarrage de l'industrie et du transport routier", estime néanmoins Guy Maisonnier, ingénieur-économiste à l'Institut français du pétrole (IFP).
Le transport routier a jusqu'à présent beaucoup souffert de la récession, avec un recul de 15,5% des marchandises transportées (en tonnes-kilomètres) au premier trimestre 2009.
Or, ces derniers mois, la hausse de consommation a été plus marquée pour le gazole (+8,3% en juin et +2,3% en juillet), carburant qui concentre l'essentiel de la consommation du secteur routier.
Ce phénomène pourrait s'expliquer par le rebond de la production industrielle française qui a légèrement progressé en juin (+0,3%) après une nette hausse de 2,8% en mai.
Dans son dernier rapport mensuel, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) avait de son côté expliqué la "robustesse quelque peu suprenante" de la demande française de carburants par le plus grand nombre de jours ouvrés en juin 2009 qu'un an plus tôt.
L'Agence table en effet sur une contraction de la demande de pétrole de 4,3% cette année en Europe. Au niveau mondial, la baisse devrait être la plus forte depuis le début des années 80.
"Il me paraît difficile d'imputer la hausse de la consommation de carburants à la reprise de l'activité économique car celle-ci est toujours plus basse qu'il y a un an", estime aussi Benoit Heitz, chef de la division synthèse conjoncturelle de l'Insee.
Si la France a connu une croissance de 0,3% au deuxième trimestre, le Produit intérieur brut (PIB) est toujours en recul de 2,6% sur un an, rappelle t-il.
"La seule explication qui me semble crédible, c'est l'effet prix", affirme-t-il remarquant que "la très forte hausse des prix avait poussé les consommateurs à réduire leur consommation il y a un an".
Le prix du litre de gazole avait atteint un record historique à 1,45 euro fin mai 2008. En juillet 2009, il ne valait plus que 1 euro en moyenne en France, soit une baisse de 30% en un an.