La Roumanie, en récession sévère, a reçu lundi une bouffée d'oxygène du Fonds monétaire international (FMI) qui a annoncé être parvenu à un accord sur le versement d'une tranche de 1,9 milliard d'euros sur son prêt de 12,95 milliards, à condition que ce pays se serre la ceinture.
"Notre mission est parvenue à un accord sur ce qui a été réalisé et ce qui doit encore l'être" en Roumanie, a déclaré à Bucarest, un responsable du FMI, Jeffrey Franks, à l'issue d'une mission d'évaluation.
Cet accord devra recevoir l'approbation du conseil d'administration du FMI pour être définitif.
M. Franks a notamment annoncé que le FMI avait accepté que Bucarest porte le déficit budgétaire à 7,3% du Produit intérieur brut (PIB) contre les 4,6% prévus initialement, alors que le gouvernement est confronté à une chute dramatique des recettes publiques.
"Nous avons accepté qu'une partie des 2e et 3e tranches (du prêt du FMI, ndlr) soit utilisée pour couvrir le déficit budgétaire", a-t-il déclaré, estimant qu'il s'agirait au total d'environ 1,75 milliard d'euros.
Le responsable du FMI a toutefois souligné que les autorités devaient en échange adopter des mesures strictes à moyen et long terme afin de réduire la masse salariale du secteur public, de 9% du PIB actuellement à environ 6% d'ici cinq ans.
Après avoir dans un premier temps assuré que l'argent du FMI irait à la Banque centrale, pour consolider ses réserves en devises, le gouvernement a admis que les fonds serviront à payer salaires et retraites.
Les analystes estiment toutefois que l'argent du FMI ne permettra au gouvernement roumain qu'un très bref répit, avant d'être à nouveau contraint d'emprunter pour payer ses factures. Et ce au moment où la Roumanie s'apprête à entrer en campagne pour l'élection présidentielle prévue fin novembre.
Alors que les médias avaient évoqué parmi les conditions posées par le FMI la suppression de 150.000 postes de fonctionnaires d'ici mi-2010, M. Franks a assuré qu'une telle exigence n'avait pas été formulée.
Il a estimé que la Roumanie, en "récession sévère" avec un recul du PIB de 4,6% au premier trimestre par rapport au trimestre précédent, verra sa situation économique se détériorer encore davantage au 2e trimestre.
Pour 2009, le recul du PIB devrait atteindre 8 à 8,5%, a-t-il indiqué. la Roumanie pourrait toutefois enregistrer une "croissance modérée" en 2010.
Bucarest, qui avait conclu en mars un accord avec le FMI, l'Union européenne, la Banque mondiale et d'autres bailleurs de fonds sur une aide de 20 milliards d'euros, a jusqu'ici reçu une première tranche de 5 milliards d'euros du FMI et une autre de 1,5 milliard de l'UE.
En échange de ce plan de sauvetage, les autorités se sont engagées à réformer le système des retraites et des salaires de la fonction publique.
Une délégation de la Commission européenne associée à la mission du FMI a estimé dans un communiqué que "l'application par la Roumanie de son programme économique a été satisfaisante". L'UE conduira sa propre mission d'évaluation en octobre. Lundi, Bruxelles a estimé que les neuf principales banques d'Europe ayant des filiales en Roumanie ont globalement tenu leur promesse de garder une présence solide dans ce pays.
D'autres pays d'Europe de l'Est sont sévèrement touchés par la crise. La Serbie doit notamment recevoir une mission du FMI fin août pour discuter du versement de la 2e tranche d'un prêt de 3 milliards d'euros.