L'activité économique aux Etats-Unis devrait avoir baissé pendant la période avril-juin, pour le quatrième trimestre consécutif, mais les économistes se demandent déjà si la première économie mondiale ne commence pas à laisser la récession derrière elle.
Le département du Commerce doit annoncer vendredi ses chiffres du produit intérieur brut (PIB) qui, selon le consensus des analystes, a reculé de 1,5% en rythme annuel par rapport au trimestre précédent.
Entrée en récession en décembre 2007, l'économie américaine a continué à détruire de la richesse au deuxième trimestre. Mais, d'après les prévisions, moins qu'auparavant: les deux trimestres précédents avaient vu une chute de 6,3% et 5,5% de l'activité en rythme annuel.
"Les indices dont nous disposons montrent que l'économie est passée d'une crise profonde au quatrième trimestre 2008 et au premier trimestre 2009 à une stabilisation vers le milieu de l'année", expliquent les experts du cabinet d'analyse économique Moody's Economy.com.
Cela vaut pour les dépenses des ménages, même si elles ont souffert de la volonté des Américains de se désendetter et d'épargner, et des entreprises, même si elles restent pessimistes face à la conjoncture. Et les premiers effets du plan de relance gouvernemental commencent à se faire sentir.
Le président de la Banque de réserve fédérale de Dallas, Richard Fisher, percevant "le commencement d'une timide reprise", avait dressé ce tableau de l'activité dans un discours récent.
S'arrêtant sur chacune des composantes du PIB, il avait relevé que "l'accent (était) fortement mis" sur la dépense publique, tandis que la consommation était "flasque" et l'investissement "hésitant". Quant au commerce extérieur, il contribuait moins négativement au PIB, de manière "provisoire".
La plupart des analystes et des décideurs économiques estiment que l'économie américaine devrait renouer avec la croissance en fin d'année.
L'optimisme, tout relatif, des économistes a été nourri par une série de bonnes statistiques, notamment en provenance du secteur sinistré de l'immobilier, perçu par tous comme une des clefs de la reprise.
"Un autre signe clair, indéniable que l'économie est en voie de guérison est l'arrivée ininterrompue de meilleures nouvelles à propos du secteur immobilier", notent les analystes de Wells Fargo.
"Les chiffres du deuxième trimestre devraient poser les bases d'une croissance au second semestre, quand la consommation devrait se stabiliser et les stocks baisser moins brutalement", estime-t-on chez IHS Global Insight.
L'évolution des stocks devrait, dans l'immédiat, peser sur le chiffre du PIB. Mais à force de déstocker, les entreprises devraient se retrouver sans réserves quand l'activité repartira, ce qui pourrait relancer la production et redonner de la vigueur à une reprise qui s'annonce anémique.
D'autres économistes avertissent que les entreprises ont toutes les raisons de ne pas trop anticiper ce retour à la croissance. Pour Andrew Tilton, de Goldman Sachs, "la demande a l'air toujours faible, comparée à la période qui a immédiatement précédé les reprises précédentes", en 1991 et 2002.
Avec les statistiques du deuxième trimestre, le département du Commerce doit également publier une révision en profondeur des chiffres de croissance passés, du fait de changements de méthode de calcul. Ces révisions peuvent parfois aller jusqu'à plusieurs décennies en arrière.