
La croissance des crédits au secteur privé a de nouveau ralenti en zone euro au mois de juin, affectant surtout les entreprises, selon des chiffres annoncés lundi par la Banque centrale européenne (BCE).
Les crédits ont affiché une hausse de 1,5% sur un an, après 1,8% en mai, selon un communiqué de la BCE.
Les crédits aux entreprises ont à nouveau nettement ralenti (+2,8% en juin sur un an contre 4,4% en mai). Les banques, qui restent assises sur des montagnes d'actifs toxiques, renâclent toujours à prêter, estiment des experts. Et ce malgré les facilités que leur procure la BCE en les alimentant avec des liquidités bon marché.
En juin, la Banque centrale avait mis plus de 442 milliards d'euros à leur disposition au taux historiquement bas de 1%, sur une période de douze mois. Cette opération de refinancement exceptionnelle "n'a probablement pas encore eu le temps de se répercuter sur les crédits bancaires", estime Ben May de Capital Economics.
Le ralentissement constant de l'octroi de prêts nourrit en Europe les inquiétudes sur une pénurie du crédit, et ce malgré les plans massifs d'aide au secteur bancaire mis en place. Les craintes sont particulièrement vives en Allemagne, première économie européenne.
Comparé à mai, les crédits ont bien progressé de 0,2%, mais ceux accordés aux entreprises ont reculé de 0,7%.
Cette faiblesse est en grande partie liée à la récession économique, mais aussi de plus en plus à un durcissement des conditions pratiquées par les banques, estiment les économistes.
Pour Michael Schubert de la Commerzbank, cette "pression devrait s'atténuer seulement au cours de l'année prochaine".
Certains sont plus optimistes, comme son confrère de Capital Economics qui espère une reprise progressive du crédit en juillet et dans les mois qui suivront, quand l'opération exceptionnelle de la BCE commencera à faire effet.
Par ailleurs, les chiffres montrent un facteur encourageant, à savoir la progression de 0,2% sur un an des crédits aux ménages (contre une baisse de -0,2% le mois d'avant), selon le communiqué de la BCE.
"Il s'agit de la première accélération depuis le printemps 2006, quand le taux avait atteint un pic de 9,8%", souligne Marco Valli d'UniCredit. Ce changement de direction pourrait indiquer que l'activité de crédit aux particuliers a atteint un fond et qu'elle pourrait se stabiliser dans les mois à venir.
"Nous commençons à voir les premiers signes timides d'amélioration dans le cycle du crédit", juge l'économiste.
La BCE a aussi dévoilé les derniers chiffres de son indicateur avancé d'inflation, M3, qui a affiché en juin une croissance de 3,5%, exactement en ligne avec les prévisions des analystes interrogés par Dow Jones Newswires.
"La croissance monétaire et celle du crédit en zone euro sont très faibles. L'inflation ne devrait en conséquence pas être un problème pour la BCE dans le futur proche", résume Thilo Heidrich, de la Postbank.