
La nette hausse des ventes de logements neufs aux Etats-Unis a confirmé lundi que le marché de l'immobilier résidentiel commençait à se remettre de la profonde dépression où il était plongé durant l'hiver, même si l'activité y reste modérée.
Secteur parmi les plus sinistrés par la crise économique, l'immobilier neuf a connu une embellie en juin.
Selon les chiffres publiés par le département du Commerce, les ventes de logements ont bondi de 11,0% par rapport au mois précédent, à 384.000 unités en rythme annuel, loin des prévisions des économistes qui tablaient sur 360.000 unités. Une telle hausse n'avait pas été vue depuis décembre 2000.
"Les ventes dans le neuf retrouvent enfin de l'élan, après être restées à peu près stables depuis le début de l'année", à des niveaux historiquement bas, a relevé Celia Chen, de Moody's Economy.com.
Les autres indicateurs immobiliers déjà connus pour ce mois ont été aussi encourageants. Les ventes de logements anciens ont augmenté de 3,6% par rapport à mai, mais surtout sont revenues à un niveau proche d'il y a un an.
Les mises en chantier de logements ont progressé de 3,6%, et les permis de construire de 8,7%, même si leur niveau reste loin d'un an plus tôt (respectivement 46% et 52% en dessous).
Toute la problématique du secteur a été et reste d'écouler des stocks de logements en excédent hérités des années du "crédit facile".
Ceux du neuf ont atteint en juin leur plus bas niveau depuis février 1998, et représentent désormais 8,8 mois de ventes (chiffre qui n'avait pas été vu depuis octobre 2007) contre un pic à 12,4 mois en janvier.
"L'offre se normalise, ce qui est une bonne nouvelle", a relevé Marie-Pierre Ripert de Natixis. Mais pour Patrick Newport, d'IHS Global Insight, avec 128.000 logements finis à vendre contre moins de 100.000 dans un marché "normal", "le stock reste trop élevé".
Les vendeurs doivent consentir d'importants sacrifices. Le prix médian de vente, qui n'est pas ajusté des variations saisonnières, a fortement reculé en juin, à 206.200 dollars, soit les prix de 2004. Et ces logements sont très longs à vendre, avec une durée médiane de commercialisation qui frôle les un an (11,8 mois), du jamais vu.
Les agents immobiliers répètent depuis des mois que pour tout Américain bénéficiant de la sécurité de l'emploi, l'époque n'a jamais été aussi propice à l'achat. Ceux-ci en prennent acte, peu à peu.
"Ce qui semble se passer, c'est que la partie la moins chère du marché se porte beaucoup mieux, parce que les acheteurs potentiels, en particulier les primo-accédants, ne sont pas étranglés par des dettes passées et voient l'accès à la propriété comme très abordable", a commenté Ian Shepherdson, de High Frequency Economics.
Mais il reste un long chemin à parcourir avant de retrouver des conditions de marché dans lesquelles la construction résidentielle pourrait contribuer à la croissance.
Les banques sont encore contraintes de saisir de nombreux logements achetés pendant la période de bulle. En juin, le nombre de procédures était proche de son record d'avril, et en hausse de 15% sur un an.
"Non seulement les moteurs traditionnels de la demande comme le revenu et la croissance de l'emploi sont exceptionnellement faibles, mais l'immense offre de logements anciens en souffrance détourne la demande du neuf", souligne Mme Chen.
"L'excédent d'offre dans l'ancien est toujours énorme", note aussi Mme Ripert, alors même que "certains logements vacants sont passés du marché de la vente à celui de la location" et pourraient être remis sur le marché en cas d'amélioration de la conjoncture.