Le Fonds monétaire international a annoncé lundi avoir signé un accord avec le Sri Lanka pour prêter environ 2,5 milliards de dollars au pays asiatique, prêt qui doit être encore entériné par le conseil d'administration de l'institution internationale.
"Une mission du personnel du FMI a trouvé un accord avec les autorités du Sri Lanka en vue d'un programme économique qui pourrait être soutenu par un accord de confirmation (procédure de prêt, ndlr) de 20 mois à hauteur d'environ 2,5 milliards de dollars", a indiqué le Fonds dans un communiqué.
Cet accord vient au terme de plusieurs mois de négociations, le FMI ayant annoncé l'envoi d'une première mission en mars.
Le Fonds a de nombreuses fois répété la nécessité de ce prêt, alors que s'achevait une guerre civile longue de 37 ans qui a fait entre 80.000 et 100.000 morts. Colombo a proclamé à la mi-mai sa victoire militaire sur la rébellion séparatiste des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE).
Mais sa position avait provoqué une certaine incompréhension du côté de plusieurs pays membres, dont les Etats-Unis, alors que les combats atteignaient leur paroxysme, provoquant de nombreuses victimes civiles.
Le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, cité dans le communiqué, a évoqué un "déficit budgétaire qui reste élevé", "l'arrêt brutal" du financement sur les marchés de capitaux, "les sorties de capitaux" du pays et "les pertes considérables de réserves internationales" par le Sri Lanka.
Il a indiqué que le conseil d'administration, la plus haute instance de décision du FMI, composée des représentants de 25 pays ou groupes de pays, devrait se prononcer sur ce prêt dès vendredi.
Le conseil d'administration, qui doit voter à la majorité qualifiée (85% des droits de vote), approuve généralement les accords signés entre la direction du FMI et un Etat membre.
En effet, la direction du FMI s'assure du soutien des grands Etats membres avant de présenter un prêt au conseil d'administration, pour éviter un désaveu qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour l'économie en question.
Le premier de ces Etats membres est les Etats-Unis, seuls à disposer de droits de vote suffisants pour bloquer toute décision au conseil d'administration.
Deux jours avant que le gouvernement sri-lankais ne proclame sa victoire, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'était prononcée contre l'octroi d'un tel prêt au Sri Lanka, estimant qu'il fallait attendre la résolution du conflit. Mais depuis la fin des combats, Washington ne s'est plus prononcé sur le sujet.
Le FMI a par ailleurs constamment rejeté les critiques selon lesquelles un prêt viendrait alimenter un budget de la Défense prépondérant (l'équivalent d'environ 4% du produit intérieur brut cette année) ou le financement de projets de reconstruction écartant les populations qui ont soutenu la rébellion.
M. Strauss-Kahn a souligné que le but était de "reconstruire les réserves, réduire le déficit budgétaire à un niveau tenable, et renforcer le secteur financier", ainsi que de "protéger les plus vulnérables des conséquences de l'ajustement nécessaire".
"La fin du conflit constitue pour le Sri Lanka une occasion unique d'entreprendre une réforme économique et une reconstruction, qui seraient cruciaux pour poser les fondations d'une croissance plus élevée dans les années à venir", a-t-il affirmé.