La SNCF veut reconfigurer sa branche fret, en réduisant notamment son activité de "wagon isolé" afin d'en limiter les pertes, et se lancer dans le fret à grande vitesse, rapporte lundi le quotidien Les Echos.
Interrogé par l'AFP, le patron de la branche transports et logistique de la SNCF, Pierre Blayau, a confirmé "l'exactitude" de ces "pistes de réflexion" mais a souligné qu'"aucune décision définitive" n'avait été prise.
Selon le projet du plan de redressement présenté jeudi, la SNCF entend limiter son activité de "wagon isolé" (activité "sur mesure" pour des quantités restreintes de marchandises) à des domaines spécifiques, notamment le transport de matières dangereuses et les lots de grandes tailles.
Cette reconfiguration devrait s'accompagner d'une hausse de la tarification, "afin de la rapprocher du coût de revient", selon les Echos.
Le groupe entend par ailleurs soutenir "financièrement et techniquement" les opérateurs de fret de proximité qui assureront à l'avenir les petits flux.
"Le contenu des documents (publiés par les Echos, ndlr) est forcément exact puisque ce sont des documents qu'on a distribués aux parties prenantes", a déclaré Pierre Blayau. Il a tenu à "réaffirmer avec une très grande netteté qu'aucune décision n'est prise", un rendez-vous étant prévu en septembre pour décider des mesures définitives.
"Nous suivons un processus extrêmement rigoureux d'échange d'informations, d'échange de pistes de travail et nous soumettons cela à NOS instances représentatives", a-t-il ajouté.
Une réunion de la commission économique du comité central d'entreprise (CCE) sur le sujet doit avoir lieu le 28 juillet, a révélé M. Blayau. L'expert du cabinet de conseil Bain à l'origine d'un audit demandé par la direction, mais également celui qui a fait la contre-expertise, assisteront à la réunion.
L'audit de Bain indique que seuls "50% des flux" du fret, dont les trains massifs réguliers, ont une "pertinence économique", mais pas les wagons isolés, tandis que la contre-expertise considère que l'abandon du wagon isolé serait "une impasse stratégique".
Pour Laurent Russeil, secrétaire général adjoint de la CGT-cheminots, premier syndicat à la SNCF, le projet présenté jeudi "doit rester une piste, conformément aux engagements pris".
"Ce n'est pas la SNCF seule qui doit décider, l'Etat a aussi son mot à dire", a-t-il ajouté, soulignant que la CGT était favorable "au développement du fret".
L'organisation de la branche fret va également être revue pour tenter de réduire de moitié les frais de structure, expliquent Les Echos.
Des filiales vont ainsi être créées au sein de la branche fret du groupe, avec des règles proches du droit privé, les premiers segments concernés devant être le combi-express et l'acier.
Les économies réalisées devraient servir à lancer six projets d'avenir, dont le TGV fret, dans le cadre du projet Cargo Rail Express qui vise à relier plusieurs aéroports européens à l'HORIZON 2012.
Selon Les Echos, Eurotunnel pourrait se joindre au groupe public dans ce consortium. Le choix de l'opérateur retenu devrait être communiqué en septembre.
La SNCF a enregistré au premier semestre une baisse de 4% de son chiffre d'affaires à 11,94 milliards d'euros, plombé par la chute de ses activités de fret et logistique en raison de la crise.
Le fret devrait perdre 600 millions d'euros cette année, dont plus de 350 dans l'activité "wagon isolé".