
La Commission européenne a décidé de rester ferme face aux producteurs de lait ou aux gouvernements qui réclament un gel, voire une baisse des quotas de production laitière afin de stopper la chute des prix, selon un projet de document qui sera publié mercredi.
Les discussions déjà menées dans l'UE sur le sujet "excluent les idées telles qu'une baisse de 5% des quotas (plafonds de production) ou un gel des hausses de quotas", souligne l'exécutif européen dans ce texte dont l'AFP a obtenu copie.
De telles mesures "ne feraient que créer de l'incertitude, retarder le processus de restructuration et ne rendrait pas service aux nombreux producteurs de lait et à leurs familles qui ont besoin de directives claires pour planifier leur avenir", ajoutent les services de la commissaire à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel.
Cette dernière adresse ainsi une fin de non recevoir aux producteurs de lait les plus résolus, réunis au sein de la fédération European Milk Board (EMB). Ils demandaient depuis des semaines une réduction de 5% des quotas pour faire remonter les prix."
"Il est incompréhensible de voir une telle rigidité", a réagi le président de l'EMB, Romuald Schaber, interrogé par l'AFP, en réclamant à défaut "des limitations volontaires de production par les éleveurs" avec des compensations financières européennes.
"Cela coûterait trois fois moins cher que de laisser comme aujourd'hui produire des surplus qu'on achète artificiellement ensuite pour les stocker", dit-il.
La commissaire danoise a aussi rejeté une demande intermédiaire de l'Allemagne, soutenue par la France, visant à laisser la porte ouverte à un gel de la hausse programmée de 1% des quotas laitiers dans l'UE l'année prochaine.
Son rapport avait été demandé par les ministres de l'Agriculture de l'UE pour envisager des réponses nouvelles face à la chute des prix, à l'origine de nombreuses manifestations en Europe depuis des mois.
Certains producteurs voient dans la hausse enclenchée depuis 2008 des quotas de production laitière en Europe (jusqu'à leur disparition en 2015) la principale raison de l'effondrement actuel des prix. Ce que conteste la Commission: elle l'explique par la baisse de la demande.
Depuis 2007, les prix du lait versés aux producteurs ont chuté de 50% dans les cas les plus graves.
Le nouveau vice-président de la commission agriculture du Parlement européen, le Vert Français José Bové, s'en est aussi pris lundi à la position de l'exécutif européen, qualifiée d'"autiste" et de "libérale" face "à des exploitations qui ferment et des agriculteurs qui parfois se suicident".
"Le seul moyen d'avoir des prix du lait plus conformes à la réalité des coûts c'est de baisser les volumes de production", a ajouté cette figure de l'altermondialisme.
Bruxelles ne propose dans son document que des mesures techniques limitées de soutien, en plus de ce qui a déjà été décidé, comme un assouplissement des règles d'octroi d'aides publiques ou des programmes de promotion des produits laitiers.
La Commission envisage aussi de davantage pénaliser financièrement les agriculteurs qui dépassent leurs quotas individuels, afin de "freiner la production". L'argent ainsi dégagé pourra être utilisé pour aider ceux qui veulent quitter la profession.
L'Italie, opposée au soutien artificiel des prix actuellement en vigueur, plaide en faveur de telles aides à la reconversion.