
Les groupes fromager et laitier Sodiaal et Lactalis ont chacun fait part officiellement vendredi de leur intérêt pour Entremont, groupe fromager en grande difficulté touché de plein fouet par la crise du lait et dont la restructuration est suivie de près par les éleveurs.
La société Entremont Alliance, qui absorbe 30% de la production laitière bretonne et emploie environ 4.180 personnes, est confrontée à la chute des cours du beurre et de la poudre du lait.
Ce groupe, troisième opérateur de lait en France, a enregistré une perte de 34 millions d'euros en 2008 et de 19 millions au premier trimestre.
Pour faire face, il a appelé à la rescousse le Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri) en juin, afin que cet organisme dépendant de Bercy et spécialisé dans le soutien aux difficultés des entreprises privées, lui trouve notamment un repreneur.
Une réunion a été organisée jeudi au Ciri pour étudier les différentes offres de reprise ou d'alliance.
Vendredi, le groupe laitier Lactalis s'est dit intéressé par "l'outil industriel" d'Entremont mais sans être sûr de déposer une offre de reprise.
"Ce qui nous intéresse chez Entremont, c'est son outil industriel. Il y a des synergies à trouver avec le nôtre", a expliqué son directeur général, Michel Léonard, dans une interview au Figaro de vendredi.
"Nous ne savons pas encore si nous ferons (une offre, ndlr), et encore moins à quel prix", a-t-il cependant précisé, alors que le personnel d'Entremont juge un éventuel rapprochement avec Lactalis "particulièrement dangereux pour l'emploi".
Lactalis et Entremont ont en effet "des doublons d'activité et de sites industriels", selon les syndicats.
Le groupe laitier et fromager Sodiaal (Yoplait) s'est également dit intéressé vendredi par un "rapprochement" avec Entremont, sans donner plus de détails.
Déjà associé à Entremont Alliance dans les sociétés Beuralia (matières grasses) et Nutribio (laits infantiles et ingrédients), détenues à 50-50, Sodiaal avait pourtant démenti la semaine dernière des informations de presse évoquant son intérêt pour la société en difficulté.
Interrogé, le ministère de l'Economie n'a pas commenté ces deux annonces. "Ce qui compte, c'est que le dossier aboutisse", a-t-on indiqué auprès du ministère. Le groupe Albert Frère, qui détient 63,5% d'Entremont, n'a pas commenté non plus les deux annonces.
D'autres sociétés regardent le dossier Entremont, a indiqué une source proche des négociations.
Le dossier est très délicat et suivi de très près par les producteurs de lait. Ces derniers se plaignent du prix versés par le groupe, inférieur à celui fixé par l'accord national de juin. Parallèlement, ils mettent la pression sur le gouvernement pour que ce dernier trouve un repreneur à Entremont.
Jeudi, une centaine de producteurs laitiers bretons ont ainsi manifesté à Bercy, lors de la réunion du Ciri, puis rencontré le cabinet du ministre de l'Industrie Christian Estrosi et le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, pour s'assurer que le dossier aboutisse et qu'Entremont respecte l'accord sur les prix du lait de juin.
Selon ces producteurs, Entremont a versé 205 euros pour 1.000 litres de lait en mai et 206 en juin alors que l'accord national prévoit un prix moyen du lait en 2009 situé entre 262 et 280 euros pour 1.000 litres.
"Le repreneur d'Entremont devra avoir du courage, et surtout les reins solides. Sinon, il lui sera difficile d'assurer l'avenir de la société", a indiqué Michel Léonard, de Lactalis.