Entre 250 (police) et 400 (organisateurs) salariés franciliens de Pôle emploi ont manifesté jeudi à Paris à l'appel de 6 syndicats pour dénoncer la dégradation des conditions de travail et du service aux chômeurs, liée selon eux à une fusion "à marche forcée" et à la crise.
"Pôle emploi en colère, les chômeurs dans la galère", scandaient notamment les manifestants qui ont défilé de la place de la Bastille à la République à l'appel des syndicats CFDT, FO, CFTC, CGT, Snu et Sud.
En Ile-de-France, près de 24% des salariés de Pôle emploi, le nouvel organisme issu de la fusion entre l'ANPE et les Assedic, étaient en grève jeudi à l'appel de six syndicats, une proportion plus importante que sur le plan national (près de 14%), où seuls trois syndicats (CGT, Snu, Sud) avaient appelé à la grève.
"C'est un vrai bin's, ça craque. Nos conditions de travail se dégradent beaucoup du fait d'une fusion à marche forcée. On nous demande de fusionner deux métiers totalement différents. Et nous ne sommes pas assez nombreux face au nombre de plus en plus important d'inscrits dus à la crise: il y a 120 à 130 demandeurs d'emplois pour un conseiller, parfois beaucoup plus", a dit Serge, 55 ans, ex-ANPE travaillant à Paris qui n'a pas voulu donner son nom.
Pour Annette Dubois, une ex-ANPE, "le gouvernement a voulu fusionner trop vite pour donner une image dynamique, mais n'y a pas mis assez de moyens".
"Les demandeurs d'emploi arrivent dans un état d'angoisse épouvantable et ne nous trouvent pas à la hauteur. Vu la crise, il faudrait un apport très fort d'effectifs (...) et plus d'argent pour les former", a-t-elle jugé, en critiquant "la sous-traitance accrue à des officines privées".
Siham Mcharek (CGT), ex-ANPE travaillant dans l'Essonne, a évoqué des "collègues désemparés, qui doivent tout faire à la va-vite et qui sont beaucoup plus nombreux en arrêt maladie" car "on n'arrive plus à faire face".
"Pôle emploi n'a pas assez d'effectifs pour verser les indemnités, placer les chômeurs et accueillir les bénéficiaires du RSA: il y a 90 personnes en renfort sur 250 sites franciliens, or il manque 8-10 personnes sur la plupart des sites" selon Benoît Gauchard (Snu), qui travaille aux Ulis dans l'Essonne.