L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a légèrement revu à la hausse sa prévision de demande mondiale en pétrole en 2009 mais s'attend toujours à un net recul cette année (-2,9%) en raison de la crise économique, selon son rapport mensuel publié jeudi.
L'organisation internationale, qui représente les intérêts des pays industrialisés, estime que la consommation d'or noir va atteindre 83,3 millions de barils par jour (mbj), en baisse de 2,5 mbj par rapport à 2008.
Pour la première fois depuis août 2008, l'AIE prévoit toutefois une hausse de la demande (+120.000 bj) par rapport au mois précédent.
"Cette révision n'implique pas nécessairement un début de reprise économique mais pourrait simplement indiquer que le pire de la récession est passée", a précisé l'Agence, qui fonde ses projections sur une contraction du PIB mondial de 1,4% cette année.
La demande d'or noir a été "plus forte que prévu" au début de l'année dans les pays de l'ocde et notamment dans l'industrie pétrochimique, souligne l'AIE, qui note le regain de forme de certains indicateurs économiques.
"Le secteur industriel est-il simplement en train de regarnir ces stocks ou s'agit-il d'un véritable tournant ? Il est trop tôt pour répondre", explique à l'AFP David Fyfe, analyste en chef à l'AIE, qui relève toutefois que le "tableau général" reste négatif.
A l'exception de l'Inde et de quelques pays d'Asie du sud-est, la contraction de la demande d'or noir reste "généralisée à travers la planète" et la reprise de la demande n'est pas attendue avant 2010 à condition que l'activité redémarre, note M. Fyfe.
Habituée à croître de 4 à 5% ces dernières années, la demande chinoise reste orientée à la baisse cette année (7,9 mdj prévu, -0,4% sur un an) en raison d'"incertitudes" sur le rythme et la soutenabilité de la croissance économique, selon le rapport.
La chute est bien plus prononcée en Amérique du Nord où la demande mondiale devrait atteindre 23,3 mbj, en baisse de 4,3% sur un an. Selon des premières estimations, la demande a encore reculé dans cette zone en avril (-8,4% sur un an) pour le seizième mois consécutif, note l'AIE.
Sur l'ensemble de zone OCDE, les prévisions de demande sont revues légèrement à la hausse par rapport à mai mais demeurent là aussi orientées à la baisse (45,2 mbj prévu, -4,9% sur un an).
La production mondiale d'or noir a, elle, continué de reculer en mai, s'affichant en baisse de 3,2 mbj sur un an, en raison notamment d'un déclin de la production dans les pays non-membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de la persistance d'une demande mondiale "faible".
Les pays de l'Opep, qui ont récemment décidé de maintenir leurs quotas à 24,8 mbj, ont accru leur production en mai pour le deuxième mois consécutif, à 28,4 mbj.
L'AIE estime par ailleurs que la remontée du prix du baril de brut, qui a atteint jeudi un plus haut depuis fin octobre à 72,18 dollars, a été "en grande partie" nourrie par le regain d'optimisme des marchés conernant les perspectives économiques mondiales.
La poursuite de la hausse des prix "dépendra pour beaucoup du fait de savoir si nous assistons à un simple restockage ou à un tournant (dans la récession, ndlr) et dépendra également de la saison des grands départs estivaux aux Etats-Unis", souligne M. Fyfe.