Le ralentissement de l'économie suisse s'est poursuivi en début d'année, avec un recul de 0,8% au premier trimestre du produit intérieur brut (PIB), faisant officiellement de la Confédération un pays en récession, ont indiqué mardi les autorités helvétiques.
La Suisse, qui avait enregistré sur les trois derniers mois de 2008 une baisse de 0,6% de son PIB est donc officiellement en récession, celle-ci se définissant techniquement par une croissance négative sur deux trimestres consécutifs.
Il s'agit de la baisse la plus importante depuis le quatrième trimestre 1992, selon les statistiques du Secrétariat d'Etat à l'Economie (Seco).
L'affaiblissement conjoncturel de la Suisse est encore plus flagrant en glissement annuel, le PIB cédant 2,4% sur les trois premiers mois de l'année, a précisé le Seco dans un communiqué.
Ce recul de 0,8% de la croissance, par rapport au trimestre précédent, se situe dans le haut de la fourchette des analystes, qui avaient pronostiqué une baisse entre 0,8% et 2%, selon l'agence financière AWP.
"Les impulsions négatives sont surtout venues du commerce extérieur", a noté le Seco, avec une baisse de 5,4% des exportations au premier trimestre. La consommation des ménages a également marqué le pas, avec une quasi stagnation à 0,1%.
Les investissements ont par contre freiné leur dynamique baissière avec un recul de 0,4% en début d'année, contre -3,2% au quatrième trimestre 2008, a souligné le Seco.
Le recul de la croissance est "moins pire qu'attendu (et) c'est plutôt une bonne nouvelle", a estimé l'économiste Bernard Lambert, de la banque Pictet.
"Ce qui frappe, c'est la contraction beaucoup plus modérée que le reste de l'Europe et notamment de l'Allemagne, ce qui confirme que la Suisse ne s'en sort pas si mal", a-t-il précisé à l'AFP. Dans la zone euro, le PIB a reculé de 2,5% entre janvier et mars par rapport au trimestre précédent.
"Le ralentissement dans le secteur touristique et la faiblesse continue de l'important secteur bancaire a encore ralenti les exportations de services, tandis que la solidité du franc suisse et une baisse de la demande mondiale a touché les exportations de biens", a indiqué Melanie Bowler, analyste à Moody's Economy, dans une note.
Si le maintien de la consommation est accueilli positivement par l'économiste de Pictet, ce dernier s'inquiète du niveau des stocks des sociétés qui pourront occasionner "une correction par la suite".
La Suisse sort son épingle du jeu par rapport à d'autres pays, car "la récession a démarré avec du retard et pris de l'ampleur moins vite", a-t-il ajouté, disant cependant craindre que le ralentissement économique dure plus longtemps que prévu en raison des stocks de marchandises.
Pour M. Lambert, des signes de reprise devraient apparaître au deuxième trimestre aux Etats-Unis et en Europe, mais seulement d'ici la fin de l'année en Suisse.
La Confédération pourrait aussi profiter d'un affaiblissement du franc suisse, notamment si la banque centrale helvétique poursuit ses interventions sur le marché monétaire, a indiqué Mme Bowler.
La Confédération devrait subir cette année une récession de 3% et de 0,3% en 2010, selon les dernières estimations du Fonds monétaire international (FMI).