
Le tribunal de commerce de Paris a publiquement prononcé mardi la liquidation judiciaire du grossiste alimentaire EDA (euro distribution alimentaire) en autorisant la suppression de 617 postes, et validé l'offre de reprise partielle d'un concurrent conservant 97 autres salariés.
Dans son jugement, rendu publiquement, le tribunal "arrête la cession partielle" des sites d'EDA de Noyal-Pontivy (Morbihan) et Bourgoin-Jailleu (Isère) au profit de Supergroup (division alimentaire du groupe 1dis) qui reprend 43 personnes à Noyal-Pontivy et 54 à Bourgoin. Le prix de cession des biens incorporels a été fixé à 700.000 euros.
Il "autorise la suppression des 617 autres postes" à Liévin (Nord), Verdun (Meuse), Combs-la-ville (Seine-et-Marne), Albi (Tarn), Parthenay (Deux-Sèvres) et Rousset (Bouches-du-Rhône) et prononce la liquidation d'EDA.
EDA, entreprise spécialisée dans la distribution aux entreprises (stations-services notamment) d'aliments, boissons et accessoires automobile, avait été placée le 31 mars en redressement judiciaire.
Les 617 salariés qui perdent leur emploi n'ont pas obtenu l'indemnité de licenciement complémentaire à l'indemnité légale qu'ils réclamaient. Ils avaient manifesté en ce sens à deux reprises ces dernières semaines au siège d'EDA à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis).
"Les salariés partent sans rien. C'est la colère et l'écoeurement", a réagi par téléphone Laurence Dubois (Force ouvrière), représentante des salariés au Comité central d'entreprise, commerciale sur le site de Liévin. Ainsi, l'un de ses collègues, "un magasinier avec 26 ans d'ancienneté va partir avec 7.000 euros. C'est écoeurant".
Selon cette déléguée, les salariés ont une ancienneté moyenne de 20 ans et la plupart ont fait toute leur carrière dans l'entreprise. Pour eux, la reconversion "sera difficile".
Présents lors de la première audience, les représentants des salariés ne s'étaient cette fois-ci pas déplacés, le sort de l'entreprise étant à leurs yeux scellé, avait expliqué à la veille de l'audience un autre syndicaliste.
Par ailleurs, le tribunal a également prononcé mardi la cession totale de 2MD, filiale à 100% d'EDA établie à Viennay (Deux-Sèvres), à deux anciens salariés, dont le directeur du site. S'agissant de 2MD, deux emplois sont conservés, 18 supprimés. Selon Mme Dubois, ce repreneur s'est engagé à reprendre tous les salariés à court terme.
EDA (propriété depuis 2004 de la holding Selcodis) a réalisé en 2007 un chiffre d'affaires de 252 millions d'euros, pour un résultat net négatif (4,6 M EUR). Sa dette brute atteignait au printemps 2009 60 millions d'euros, selon son administrateur judiciaire.