La récession dans laquelle est plongée l'Espagne depuis fin 2008 s'est accrue au premier trimestre, selon les chiffres définitifs du PIB publiés mercredi, avec des familles qui réduisent drastiquement leurs dépenses, y compris dans l'alimentation.
Le produit intérieur brut espagnol (PIB) s'est replié de 1,9% au premier trimestre par rapport au quatrième de 2008, une décimale de plus que les chiffres provisoires publiés le 14 mai, a annoncé l'Institut national de la statistique (Ine).
Le recul du PIB en variation annuelle est de 3%. Le 14 mai, l'Ine avait estimé dans son calcul provisoire que le PIB s'était replié au premier trimestre de 1,8% en variation trimestrielle et de 2,9% en variation annuelle.
Il s'agit des pires résultats depuis le début de la publication de statistiques par l'Ine en 1970.
L'Espagne est entrée en récession fin 2008 (enregistrant des contractions d'activité aux deux derniers trimestres de 2008, respectivement de -0,2% et -1%), après une quinzaine d'années de forte croissance.
L'économie est durement touchée par l'éclatement de la bulle immobilière et la crise financière internationale.
Les ménages espagnols, frappés par l'envolée du chômage à des niveaux record en Europe (17,36% au premier trimestre), se serrent drastiquement la ceinture, ce qui plombe le PIB. L'Ine calcule qu'1,147 million de postes de travail ont disparu en un an.
"Les dépenses de consommation accélèrent leur diminution, passant de -2,3% à -4,1%, ce qui est cohérent avec la baisse des revenus disponibles", selon l'Ine, qui pointe que la rémunération moyenne des salariés a baissé de 2,1% au cours du trimestre, conséquence des destructions d'emplois.
Les ménages réduisent leur train de vie dans tous les domaines, y compris pour la première fois dans d'alimentation. "Les différents composants des dépenses enregistrent (...) tous des taux négatifs, y compris les dépenses en alimentation et dans les services, composants qui évoluaient positivement jusqu'au trimestre précédent", relève l'Ine.
Depuis plusieurs mois, l'Espagne enregistre un recul des prix.
La formation brute de capital fixe (l'investissement dans des actifs de production) a accru sa chute, à -13,1% contre -9,3% au trimestre précédent, les investissements dans la construction ont baissé de 12,4%.
Les importations et les exportations chutent. Ces dernières ont décru de 19% (contre 7,9% au trimestre antérieur), "de manière cohérente avec l'évolution négative de la demande intérieure dans les pays destinataires", selon l'Ine.
Les importations ont aussi fortement diminué, de 22,3% au premier trimestre, contre une baisse de 13,2% au trimestre précédent.
Le chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, attaqué par l'opposition sur ces mauvais chiffres, s'est défendu mercredi en soulignant qu'ils étaient "moins négatifs que dans les autres pays" d'Europe.
Le gouvernement estime que l'Espagne se trouve au creux de la vague et que des signes de reprise prochaine seront visibles prochainement.