La contraction de l'économie des Etats-Unis sera plus sévère qu'attendu et le redémarrage de l'activité, toujours espéré avant la fin de l'année, sera poussif, a prédit mercredi la banque centrale américaine, qui voit un chômage de masse durer au moins jusqu'en 2011.
La Réserve fédérale estime que le produit intérieur brut de la première économie mondiale devrait se contracter de 1,3% à 2,0% en 2009. Ses précédentes prévisions, datant de février, tablaient sur un recul de 0,5% à 1,3%.
Si le pire scénario se réalise, la chute annuelle du PIB sera la plus forte jamais enregistrée aux Etats-Unis depuis 1946.
Cette prévision, qui a douché l'enthousiasme qui régnait depuis plusieurs séances à Wall Street, est attachée en annexe au compte-rendu de la réunion du Comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed des 28 et 29 avril.
Selon la Fed, les membres du FOMC ont noté des signes de ralentissement de la récession depuis avril, après trois trimestres consécutifs de recul du PIB.
Mais "d'une manière générale", ils "prévoient une reprise graduelle", "les force défavorables pesant sur l'économie étant susceptibles de ne desserrer leur emprise que lentement", note la banque centrale.
L'économie américaine ne devrait ainsi croître que de 2,0% à 3,0% en 2010 et de 3,5% à 4,8% en 2011 et non plus de 2,5% à 3,3% en 2010, et de 3,8% à 5,0% en 2011, comme l'espérait jusqu'ici la Fed.
Comme l'a déjà expliqué son président, Ben Bernanke, en début du mois, la Fed redoute que les licenciements continuent encore de monter dangereusement.
Le taux de chômage, actuellement de 8,9%, au plus haut depuis 25 ans, pourrait monter à 9,6% en 2009 et être compris encore entre 7,7% et 8,5% en 2011, soit bien plus que l'objectif de long terme de la Fed, compris entre 4,8% et 5,0%.
Cette montée du chômage pendra comme une épée de Damoclès au dessus de l'économie puisqu'elle risque, de l'avis du Comité de politique monétaire, d'"étouffer" la reprise de la consommation des ménages et des investissements dans le logement, deux composantes essentielles de la croissance.
La plupart des membres du FOMC estiment d'ailleurs que leurs prévisions risquent encore d'être revues à la baisse et que l'économie ne devrait pas être conforme aux objectifs de croissance, de chômage et d'inflation à long terme de la Fed avant cinq ou six ans.
La Fed redit à cette occasion que le potentiel de croissance de l'économie à long terme est de 2,5% à 2,7% par an.
Concernant l'inflation, la banque centrale estime que celle-ci devrait être comprise entre 0,6% et 0,9% cette année. Néanmoins, du fait de la mollesse de l'activité, celle-ci pourrait n'être encore que de 0,9% à 1,7% en 2011, soit au-dessous de l'objectif à long terme de ses dirigeants (1,7% à 2,0%).
Les nouvelles prévisions de la Fed sont moins favorables que l'hypothèse retenue par la Maison Blanche pour le budget de l'Etat (PIB en recul de 1,2% en 2009), laissant craindre que le trou du budget soit finalement pire que le déficit abyssal de quelque 1.840 milliards de dollars prévu pour l'exercice 2008-2009 qui s'achèvera fin septembre.
Elles risquent également d'alimenter des craintes sur la santé des banques américaines. En effet, si les tests de résistance imposés aux 19 plus grandes d'entre elles ont été réalisés selon un scénario d'activité économique bien pire que les prévisions de la Fed, l'hypothèse retenue pour le chômage (8,9% au pire fin 2009) semble désormais dépassée.