Toute l'Europe s'est enlisée dans la récession au premier trimestre, dont l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Espagne, les Pays-Bas et les pays d'Europe centrale, alors qu'à l'inverse les indicateurs américains publiés vendredi montrent des signes encourageants pour la reprise.
Parmi les nombreux indicateurs publiés vendredi aux Etats-Unis, tous supérieurs aux attentes des analystes, la confiance des consommateurs américains mesurée par l'Université du Michigan a progressé en mai et atteint son plus haut niveau depuis le pic de la crise financière de l'automne.
Quant à la production industrielle, elle a reculé en avril pour le sixième mois de suite, mais un peu moins fortement qu'en mars. La baisse de la production a été de 0,5% par rapport au mois précédent.
La balance des capitaux à long terme a fait apparaître en mars un solde positif de 55,8 milliards de dollars après un excédent de 22,0 milliards de dollars, montrant une accélération des achats chinois d'obligations du Trésor américain pour la première fois en cinq mois.
Les prix à la consommation aux Etats-Unis ont été stables en avril par rapport à mars, mais en baisse sur un an. Corrigé des variations saisonnières, l'indice des prix n'a pas bougé par rapport au mois précédent, conformément à ce que prévoyaient les économistes.
Enfin, l'activité industrielle autour de New York est restée faible en mai, mais sa dégradation est intervenue à un rythme moins rapide qu'en avril.
De l'autre côté de l'Atlantique, le tableau est beaucoup plus sombre: au total le PIB de l'Union européenne, tout comme celui de la seule zone euro, a connu une baisse sans précédent de 2,5% au 1er trimestre.
La France a annoncé qu'en réalité, cela fait près d'un an qu'elle est en récession. Son PIB a reculé de 1,2% au 1er trimestre par rapport au trimestre précédent. Le gouvernement prévoit désormais une récession "autour de 3,0%" en 2009, bien plus grave que sa prévision précédente de -1,5%.
Mais l'économie allemande flanche bien davantage, victime de la chute des exportations et des investissements: l'Allemagne a annoncé un recul de 3,8% de son PIB au 1er trimestre, plus fort que prévu. La première économie d'Europe affiche ainsi sa quatrième contraction trimestrielle et la pire depuis 1970.
L'Italie s'est elle aussi enfoncée dans la crise, son PIB reculant de 2,4% par rapport au trimestre précédent. Les Pays-Bas et l'Autriche ont annoncé un recul de 2,8%, le Portugal de 1,5% et la Grèce de 1,2%.
Jeudi déjà, l'Espagne avait annoncé un recul de son PIB de 1,8% au 1er trimestre. Le 24 avril, la Grande-Bretagne a annoncé un repli de son PIB de 1,9% au 1er trimestre, le pire en 30 ans. La Belgique a elle déjà annoncé une contraction de 1,6%.
Plusieurs pays d'Europe centrale et orientale ont suivi le mouvement vendredi. En Hongrie, le PIB a diminué de 2,3% au 1er trimestre par rapport au trimestre précédent. En Bulgarie la baisse est de 3,5% sur un an et en Roumanie de 2,6%, sa première contraction en neuf ans.
Ces chiffres ont pesé sur l'euro qui a reculé face au dollar, vers 14H40 GMT il s'échangeait à 1,3597 dollar.
En Asie, les chiffres étaient également moroses. La Chine a vu s'accélérer la chute des investissements directs en avril (-22,5% sur un an). L'économie de Hong Kong s'est contractée de 7,8% au premier trimestre sur un an, une baisse plus forte que prévu.
Pour le Fonds monétaire international, la reprise de la conjoncture mondiale est possible au premier semestre 2010. "Nous voyons toujours une reprise de la conjoncture mondiale lors du premier semestre 2010, et le retournement de situation devrait être amorcé en octobre, novembre ou décembre 2009", a affirmé son directeur général, le Français Dominique Strauss-Kahn.
Ce dernier a par ailleurs appelé à la poursuite de politiques coordonnées face à la crise économique. "Le degré de coopération pour les politiques macro-économiques pendant cette crise est impressionnant. Dans l'ensemble, les pays ont fait ce qu'il fallait et l'ont fait ensemble", a-t-il déclaré.