L'Etat belge a annoncé mercredi qu'il allait accorder sa garantie sur des actifs à risque du bancassureur KBC, à nouveau en difficultés après déjà deux plans de sauvetage sur les sept derniers mois.
"Le gouvernement fédéral, en accord avec KBC, a élaboré un système de garantie d?Etat qui offre une solution aux risques liés aux CDO", des obligations considérées comme des actifs à risque, selon un bref communiqué publié à l'issue d'une réunion ministérielle à Bruxelles.
Les détails du système doivent encore être "mis au point juridiquement" et seront communiqués jeudi matin, ajoute le communiqué.
"On va chercher des solutions pour assurer la stabilité de la KBC", avait indiqué en arrivant à cette réunion le ministre belge des Finances Didier Reynders, cité par l'agence Belga.
Il indiquait vouloir explorer plusieurs pistes pour "protéger les épargnants et le personnel ainsi que garantir les prêts", précisant que le gouvernement devait "prendre en compte certains risques de pertes".
D'après le quotidien néerlandophone De Tijd, KBC s'apprêterait à passer plusieurs milliards d'euros de nouvelles dépréciations sur des actifs à risque, des obligations complexes de type CDO liées aux prêts hypothécaires à risque américain. Le groupe aurait demandé à l'Etat fédéral, mais aussi à la région flamande qui est son berceau, de l'aider à éponger les pertes.
Le cas de KBC, exemplaire, montre à quel point les banques européennes sont loin d'avoir réglé les problèmes liés à leurs actifs toxiques. Les Européens s'apprêtent d'ailleurs à mener des "tests de résistance" coordonnés sur le secteur d'ici septembre, une initiative déjà prise par les Etats-Unis sur les grandes banques américaines et réclamée par le FMI.
Le secteur bancaire belge a été frappé de manière particulièrement sévère par la crise. Outre KBC, les pouvoirs publics ont dû voler à la rescousse de Dexia et de Fortis, dont la filiale bancaire belge est finalement passée sous le contrôle du groupe français BNP Paribas.
Selon le quotidien économique belge L'Echo, la garantie de l'Etat fédéral pourrait n'intervenir qu'en dernier recours. Le quotidien évoque sur son site internet un scénario possible qui verrait KBC prendre en charge lui-même les premières pertes, jusqu'à 1,6 milliard d'euros. La région flamande pourrait ensuite injecter jusqu'à 2 milliards d'euros. Et si cela ne suffisait toujours pas, l'Etat fédéral apporterait sa garantie sur le portefeuille d'actifs à risque.
KBC avait demandé la suspension de cotation de son action à la Bourse de Bruxelles mercredi avant l'ouverture, invoquant "de graves rumeurs (qui) ont couru sur les marchés", sans en préciser la teneur.
Le groupe ajoutait qu'il ne ferait aucun autre commentaire avant la publication de ses résultats trimestriels jeudi matin.
KBC a déjà été renfloué à deux reprises depuis le début de la crise financière: la première fois fin octobre par l'Etat fédéral, à hauteur de 3,5 milliards d'euros; et la deuxième fin janvier par la région flamande, pour 2 milliards d'euros avec une OPTION pour 1,5 milliard supplémentaire. D'après Belga, il aurait demandé à exercer cette option.
Mardi à la Bourse de Bruxelles, l'action KBC avait plongé de 14,52% à 19,10 euros.