La restructuration accélérée de Chrysler, qui devrait renaître sous les deux mois grâce à un partenariat avec Fiat inscrit dans un plan de redressement parrainé par l'administration Obama, a franchi une première étape mardi devant la justice.
Au terme d'une audience de près de huit heures dans une salle d'audience bondée du tribunal des faillites de New York, le juge Arthur Gonzalez a rejeté les arguments d'un petit groupe de créanciers qui jugeait "illégal" le processus annoncé jeudi dernier par Chrysler et le président Barack Obama.
M. Gonzalez devait confirmer par écrit mercredi l'échéancier proposé par le gouvernement: tout repreneur aura jusqu'au 20 mai pour proposer un plan de redressement alternatif. Le dossier gagnant devrait être déterminé le 26 mai, et notifié officiellement le lendemain.
"C'est une procédure équitable et régulière", a déclaré le juge, soulignant qu'il y avait "un besoin urgent que la vente soit consommée".
Il a précisé que la procédure laissait une chance à d'autres repreneurs de faire leur propre proposition de redressement de Chrysler.
A terme, l'administration de Barack Obama s'est fixé pour objectif de sortir le groupe du dépôt de bilan d'ici à la fin juin, et souhaite aller vite pour stopper l'hémorragie des ventes et de la trésorerie.
Mais les créanciers qui avaient fait capoter le plan de restructuration sans dépôt de bilan ont encore protesté devant la justice mardi contre la procédure judiciaire accélérée réclamée par l'administration et le constructeur.
"Au mieux la procédure est confuse (..), au pire on peut considérer qu'elle est conçue (... pour bloquer) des propositions alternatives", s'est emporté l'avocat de ces créanciers, Thomas Lauria.
"Comment un repreneur (...) pourrait-il bien procéder aux vérifications nécessaires" dans les délais impartis? a-t-il encore demandé, rappelant qu'il avait fallu plus de trois mois à Chrysler et Fiat pour confirmer leur accord de partenariat.
Mais le juge a réagi sèchement à ces objections. Il a aussi refusé la protection de l'anonymat à ces créanciers, qui disaient craindre pour leur réputation, voire leur sécurité, après avoir été présentés par M. Obama comme les responsables de ce dépôt de bilan.
Il leur a donné jusqu'à mercredi midi (16H00 GMT) pour se dévoiler.
Le plan de restructuration judiciaire soumis par Chrysler, avec l'appui du Trésor, prévoit que les dettes garanties du constructeur soient réduites de 6,9 milliards de dollars à deux milliards de dollars.
Quatre grandes banques qui détiennent 70% de la dette du groupe et ont été renflouées par l'Etat dans le cadre du plan de sauvetage du système financier ont immédiatement souscrit à ce plan.
Mais divers créanciers s'estiment prioritaires pour récupérer leur dû. Ils reprochent à Chrysler et au gouvernement de privilégier indûment les intérêts d'autres parties prenantes, en particulier les syndicats, qui devraient devenir majoritaires au capital de la société.
Mais mardi, le juge n'était pas appelé à se prononcer sur le fond du dossier, seulement sur le rythme de la procédure.
Au nom de Chrysler, l'avocate Corinne Ball a souligné l'urgence: "une chose est incontestable: Chrysler dépérit - on parle de centaines de millions de dollars" qui s'évanouissent chaque jour, a-t-elle dit.
Pour Fiat, l'avocate Hydee Feldstein a promis que le partenariat annoncé laisserait s'élever "un phénix renaissant des cendres" - qui appartiendra à 20% au constructeur italien.
A terme Fiat pourrait posséder la majorité du capital du constructeur, mais dans un premier temps le gouvernement américain va s'ingérer comme jamais dans l'industrie automobile en prenant 8% de Chrysler.
Le Canada, où travaillent plus de 9.400 des 54.000 salariés mondiaux de Chrysler, prendra 2%, et le fonds d'assurance santé des retraités de Chrysler recevra 55%.