A partir de septembre, les ampoules économes en énergie vont petit à petit s'imposer de force dans les rayons de l'Union européenne, une opportunité commerciale que les industriels se disent parés à saisir.
D'ici fin 2012, la famille des ampoules à filament aura disparu des magasins. La stratégie industrielle s'impose donc d'elle-même: les nouvelles ampoules sont "un secteur d'avenir, tout le monde s'y engouffre", résume un porte-parole d'Osram France, un des grands du secteur avec Philips et GE.
Avec une vingtaine d'ampoules à remplacer en moyenne par foyer, chacun s'affiche bon élève, prônant à tout va le développement durable.
Principale alternative, l'ampoule fluocompacte, dite "basse consommation", s'ancre depuis quelques années. Ses ventes en France ont augmenté de 19% en 2008, selon le cabinet GfK et la cadence promet de s'envoler avec le calendrier de l'Union européenne étalé sur plusieurs années pour lisser le marché.
Jugé poussif et incomplet par Greenpeace mais avec "le mérite d'exister", ce calendrier apparaît "ambitieux" aux industriels. Mais, grâce à une montée en puissance progressive, ils "devraient être en mesure de répondre à la demande", affirme-t-on au Syndicat de l'Eclairage.
Un avis désormais partagé par Paul Waide de l'Agence internationale à l'Energie (AIE), qui craignait pourtant encore en 2007 que les industriels n'investissent pas assez par peur que ce marché s'essoufle vite car ces nouvelles ampoules durent plusieurs années.
Président de la commission développement durable de la Fédération des magasins de bricolage, Marc Blanchard de l'enseigne Weldom reconnaît n'avoir "aucun problème de disponibilité de gammes", avec une amélioration rapide de l'offre.
En revanche, l'AIE, comme Greenpeace, plaident pour renforcer les contrôles de la qualité des ampoules, pour beaucoup fabriquées en Chine.
Cette révolution des ampoules est aussi une opportunité pour d'autres industriels, comme Rhodia qui s'est engagé à plein dans la production de "précurseurs des luminophores", utilisés pour produire la lumière, notamment à La Rochelle.
Peu diserts sur les montants investis, les principaux fabricants s'activent depuis plusieurs années pour ne pas rater le virage. "Nous avons voulu nous y prendre tôt parce que cela impose de revoir tous les outils industriels" nécessitant des investissements "très lourds", fait valoir Joël Karecki, président de Philips France.
Selon la European Lamp Companies Federation, le passage aux ampoules "écolos" nécessite de restructurer en Europe une quinzaine d'usines pour 300 millions d'euros, car les technologies utilisées n'ont rien à voir avec celles de l'incandescence.
GE Lighting n'a ainsi gardé qu'une usine européenne, en Hongrie. En France, Osram et Philips ont chacun choisi pour leurs usines de Molsheim (Bas-Rhin) et Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) l'alternative de l'halogène à économie d'énergie, une reconversion industrielle moins compliquée.
La production des fluocompactes est beaucoup concentrée en Asie, car elle nécessite plus de main d'oeuvre que celle, automatisée, des ampoules classiques.
La concurrence chinoise, qui a englouti la plupart du marché, s'en trouve exacerbée, d'autant qu'une taxe européenne "anti-dumping" vient d'être abandonnée.
Pour se démarquer, les industriels font la course au haut de gamme et à l'innovation sur les formes, luminosité ou temps d'amorçage. Ils se tournent surtout vers la génération suivante, les diodes électro-luminescentes, marchant plus de 20 ans, que l'on remplacera aussi souvent qu'on change de maison.