
L'économie indienne, touchée elle aussi par la crise mondiale, enregistre ses premiers indicateurs positifs et pourrait commencer à se redresser dans les prochains mois, estiment les analystes.
Ces espoirs de reprise, aidée par la perspective de bonnes récoltes agricoles pouvant dynamiser les dépenses de consommation, ont dopé la Bourse indienne qui a grimpé à son plus haut niveau depuis six mois.
"La partie de l'économie indienne qui dépend de la demande intérieure commencera à se redresser d'une manière palpable vers la mi-2009", prévoit Rajeev Malik, économiste à la firme australienne Macquarie Securities.
Ce scénario optimiste pourrait toutefois être remis en cause par les résultats des élections générales (qui se terminent le 13 mai) si celles-ci amènent au pouvoir une coalition trop instable, avertissent les analystes.
Parmi les premiers signes d'amélioration, enregistrés récemment ou prévisibles à court terme, figurent une remontée de la confiance des entreprises ainsi qu'une hausse du crédit et de l'activité industrielle.
"Une reprise dans l'activité industrielle est très probable d'ici juin", estime Philip Wyatt, économiste à la banque suisse UBS.
"La baisse d'activité dans l'Asie émergente (Inde et Chine) est terminée", affirme aussi la firme Barclays Capital.
"Les principaux indicateurs comme la confiance des chefs d'entreprise montrent des signes de stabilisation et les chiffres des prochains mois vont très probablement révéler une reprise dans la plupart des pays" d'Asie, explique-t-elle.

La banque centrale indienne prévoit une croissance comprise entre 6,5 et 6,7% pour l'année fiscale achevée à la fin mars dernier, contre 9% un an plus tôt, et une augmentation du PIB de seulement 5,7% cette année en raison de la faiblesse de la demande mondiale.
Les analystes tablent également sur une croissance plus faible cette année, mais aussi sur une amorce de reprise dans les prochains mois, grâce notamment à la remontée des crédits à la consommation ou des entreprises, liée à la chute des taux d'intérêt.
Le principal taux directeur de la banque centrale est tombé à 4,75%, son plus bas niveau historique, alors qu'il se situait à 9% l'an dernier.
Parallèlement à la chute des taux, le gouvernement a annoncé ces derniers mois de nombreuses mesures de relance avec notamment des baisses d'impôts et une hausse des dépenses dans les infrastructures.
"La double réponse monétaire et budgétaire a été agressive et paie déjà", affirme Rajeev Malik en pronostiquant "un meilleur second semestre" en matière de croissance.
Des signes de reprise sont déjà constatés dans plusieurs secteurs industriels clés, comme la sidérurgie, l'automobile et les matériaux de construction.
L'Inde sera cette année un des rares pays à voir sa production d'acier progresser, selon la World Steel Association.
L'association des constructeurs automobiles indiens prévoit pour cette année une hausse de 3 à 5% des ventes de voitures (+1,3% en 2008). Les ventes de camions et autobus devraient grimper de 7% à 10% au lieu d'une chute de 26% en 2008.
Autre signe de vitalité, le nombre des utilisateurs de téléphones portables a fait un bond record de 15,6 millions en mars.
L'an dernier, le nombre des téléphones portables avait augmenté de 58% en raison de l'appétit grandissant des populations rurales pour ces appareils.
Soutenue par les créations d'emplois, la consommation dans les zones rurales --où vit 70% de la population indienne, estimée à 1,1 milliard d'habitants-- a servi d'amortisseur à la décélération de la croissance indienne.
La reprise restera surtout soutenue par les dépenses intérieures alors que les secteurs d'activités orientés vers l'exportation devront attendre, pour redémarrer, une relance aux Etats-Unis et dans les autres pays industrialisés, explique Hari Bhartia, vice-président de la Confédération de l'industrie indienne.