
Chrysler va déposer son bilan, le gouvernement américain ayant décidé que c'était la meilleure chance pour ce grand de l'automobile de sortir d'une crise menaçant de mettre fin à son existence tumultueuse, a indiqué jeudi un haut responsable de l'administration.
Le président Barack Obama devait confirmer la nouvelle dans une déclaration prévue à 12H00 locales (16H00 GMT) à la Maison Blanche.
Après l'échec d'ultimes négociations mercredi à la veille d'une échéance fixée à ce jeudi, le gouvernement est arrivé à la conclusion que la meilleure solution pour Chrysler était de poursuivre son effort de restructuration en se plaçant sous le coup de la loi sur les faillites (le "chapitre 11" bien connu aux Etats-Unis), c'est-à-dire en déposant son bilan, a indiqué ce responsable sous le couvert de l'anonymat.
La restructuration pourrait passer par une prise de participation de l'Italien Fiat allant jusqu'à 35% dans le capital de Chrysler, une opération à laquelle pousse l'administration Obama.
En l'état actuel des plans gouvernementaux, l'Etat prendrait lui aussi des parts dans Chrysler, une intervention historique dans l'histoire automobile américaine, et injecterait encore des milliards de dollars dans l'entreprise.
L'administration Obama a laissé entendre que l'opération avec Fiat restait d'actualité après l'échec des discussions de mercredi.
Le rejet par certains créditeurs d'une proposition que leur faisait le Trésor "ne diminue pas la valeur de ce qu'ont réalisé Chrysler, Fiat et les parties concernées, et n'empêche pas Chrysler d'avoir une nouvelle chance de se restructurer et de sortir de cette situation plus fort qu'avant", a dit le haut responsable de l'administration.
Le quotidien italien Corriere della Sera rapportait que Fiat et Chrysler étaient parvenus jeudi à un accord définitif.

Chrysler, victime comme le numéro américain General Motors de la crise économique, de la chute de ses ventes et de ses erreurs stratégiques, se bat depuis des mois pour sa survie.
A la suite de l'administration Bush, le gouvernement Obama a accepté de le maintenir sous perfusions et, depuis décembre, Chrysler a reçu 4 milliards de dollars. En échange du maintien de l'aide fédérale, Chrysler et GM ont été sommés de soumettre des plans de restructuration drastiques.
M. Obama a recalé les premières versions en mars, et donné jusqu'à ce jeudi à Chrysler, et un mois de plus à GM pour présenter des projets garantissant qu'ils reviendraient à la viabilité et n'auraient plus besoin de l'argent du contribuable.
Les syndicats ont fait des concessions.
Mais, selon le haut responsable de l'administration, une partie des créanciers de Chrysler, auquel le gouvernement avait donné jusqu'à mercredi 18H00, ont refusé l'offre du Trésor de revoir à la baisse leur créance, de presque 7 milliards que leur doit le constructeur, à 2,25 milliards.
En poussant Chrysler au dépôt de bilan, l'administration Obama prend le risque du tort causé à la marque à l'étoile à cinq branches. Mais elle fait le choix de la restructuration ordonnée, assortie de certaines protections.
"Le fait que les principaux créanciers semblent prêts à faire des concessions signifie que, même s'ils (Chrysler) finissaient par déposer son bilan d'une manière ou d'une autre, ce serait un dépôt de bilan très rapide, et ils pourraient continuer à produire et à sortir de cette situation dans de bien meilleures conditions", a dit M. Obama mercredi soir lors d'une conférence de presse.
Cependant, M. Obama, confronté à la pire récession depuis les années 30, est déjà accusé par ses adversaires politiques d'un interventionnisme sans précédent dans les affaires économiques.
Alors que l'Etat pourrait entrer dans Chrysler, "je pense que notre premier rôle, en tant qu'actionnaires, doit être de chercher à sortir de là. Vous savez, je n'ai pas envie de diriger les compagnies automobiles", a-t-il dit, conscient des risques politiques.