Le gouvernement britannique a dévoilé mercredi un budget crucial pour son avenir, contenant des mesures de relance ciblées et et la promesse d'un retour à la croissance, mais assombri par le double aveu d'une récession aggravée et d'une dérive sans précédent des finances publiques.
Le chancelier de l'Echiquier (ministre des Finances) Alistair Darling a détaillé ce budget, qui porte sur l'année fiscale entamée le 6 avril, dans un discours de moins d'une heure à la Chambre des Communes.
Pour ce second budget depuis l'arrivée de Gordon Brown au poste de Premier ministre, le chancelier s'est voulu optimiste, en promettant, dans la foulée du volontarisme affiché au sommet du G20 de Londres, que l'économie du Royaume-Uni renouerait avec la croissance à la fin de cette année.
Il a également annoncé comme prévu une série de mesures censées hâter le rétablissement de l'économie et aider ménages et entreprises à surmonter la pire crise économique mondiale depuis 1945.
Parmi ces mesures figure une enveloppe de 1,7 milliard de livres (1,9 milliard d'euros) pour la lutte contre le chômage, une prime à la casse pour faire redécoller les ventes de voitures, ou encore 420 millions de livres pour relancer la construction de logements.
Mais ces annonces ont été fortement assombries par l'abaissement des prévisions économiques officielles.
Le ministre a dit tabler sur un repli de 3,5% du Produit intérieur brut (PIB) cette année (au lieu d'une baisse de 1% prédite en novembre), soit la plus grave récession depuis 1945, et sur une maigre croissance de 1,25% l'an prochain (au lieu de 1,75%).
Et ces prévisions noircies se sont accompagnées de l'annonce d'une dégradation des finances publiques sans précédent dans l'histoire du Royaume-Uni.
Les emprunts nets du secteur public (mesure préférée du gouvernemnt pour évaluer le déficit budgétaire) vont atteindre la somme colossale de 175 milliards de livres sur l'exercice en cours, soit 12,4% du PIB, contre 90 milliards l'année précédente, et la dette publique va s'envoler de 50,9% actuellement à 79% en 2013/2014.
Face à cette dérive inquiétante, Alistair Darling s'est engagé à redresser les finances du pays à long terme, en relevant certains impôts et taxe, dont la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu qui passera à 50% en 2011.
Selon les calculs du gouvernement, les mesures annoncées ce mercredi auront un coût net total de 5,16 milliards de livres en 2009/2010. Mais leur coût fondra dès l'exercice suivant à 100 millions de livres, et elles dégageront en 2011/2012 un gain total de 5,23 milliards de livres pour le Trésor.
Autrement dit, M. Darling a distribué des cadeaux fiscaux avant les prochaines élections générales, qui devront se tenir au plus tard en juin 2010, et repoussé après celles-ci les sacrifices inévitables pour redresser les finances publiques.
Ce budget est vu au Royaume-Uni comme crucial pour l'avenir du gouvernement de Gordon Brown, alors que le parti travailliste, au pouvoir depuis près de 12 ans, évolue dans une ambiance de fin de règne, marquée par une série d'"affaires" qui ont entaché sa réputation.
Les réactions ont été très mitigées. Le syndicat Unite a salué un budget "qui positionne le Labour comme le parti de l'emploi et de la justice sociale", mais le chef de l'opposition conservatrice David Cameron a accusé Gordon Brown de mener le pays "non seulement au bord de la banqueroute financière, mais aussi de la banqueroute morale".
Et les économistes ont jugé les nouvelles prévisions du gouvernement, bien que fortement abaissées, comme encore trop optimistes, ce qui rend selon eux très fragiles les promesses de retour à long terme à l'équilibre budgétaire.