Après les résultats rassurants de plusieurs grandes banques américaines la semaine dernière, Bank of America est venue confirmer lundi la tendance au retour dans le vert des établissements secourus par l'Etat fédéral, avec un bénéfice quasiment triplé au premier trimestre.
Bank of America, renflouée à hauteur de 45 milliards de dollars par l'Etat depuis l'automne, a publié un bénéfice net de 4,2 milliards de dollars.
C'est à ce jour le bénéfice le plus élevé publié parmi les principales banques du pays sur les trois premiers mois de l'année: JPMorgan a dégagé 2,1 milliards, Goldman Sachs 1,8 milliard, Citigroup 1,6 milliard, et Wells Fargo a fait état d'un bénéfice provisoire de 3 milliards, qui devrait être confirmé mercredi.
Bank of America, qui a racheté depuis l'automne la banque d'affaires Merrill Lynch, avait essuyé une perte de 1,7 milliard au quatrième trimestre 2008.
Les résultats du groupe ont largement dépassé les attentes: rapporté par action, le bénéfice représente 44 cents, contre 4 cents envisagé par les analystes.
La direction a vanté la diversité des activités de la banque pour justifier ces résultats et indiqué que Merrill Lynch, intégrée le 1er janvier, avait contribué pour 3 milliards au bénéfice net, profitant de la conjoncture très favorable dans les activités de banque d'affaires depuis le début de l'année: coûts de financement bas (grâce à l'Etat américain), écarts sur taux importants et forte volatilité des marchés.
Toutefois, le marché réagissait très mal à ces résultats. A Wall Street, l'action perdait 16,89%, à 8,81 dollars, vers 16H00 GMT.
"Les investisseurs se concentrent sur l'augmentation des créances douteuses sur le trimestre, qui ont provoqué des prises de bénéfices" et incité à vendre une action qui avait beaucoup gagné ces derniers temps, expliquait Joseph Hargett, de Schaeffer's Investment.
Le PDG Ken Lewis a en outre fait savoir en conférence téléphonique que "le crédit se porte mal, et cela va empirer", évoquant les particuliers et les entreprises.
"Nous allons continuer de relever nos provisions pour créances douteuses", a-t-il ajouté, alors que l'économie américaine n'est pas encore sortie de la récession.
Interrogé sur des besoins de financements additionnels, le PDG a toutefois assuré que la banque n'avait "pas besoin de capitaux supplémentaires".
Un avis que ne partageaient pas les analystes de l'agence de notation financière Standard and Poor's, selon qui "une levée de capitaux n'est pas à exclure", car les revenus record de la banque "ne sont pas durables".
Le PDG n'a pas fait de commentaires sur le "test de résistance" piloté par Washington auprès des grandes banques du pays pour mesurer leur solidité financière, et dont les résultats devraient être bientôt connus.
Faisant écho aux propos du président Barack Obama ce week-end, qui a reproché aux banques de ne pas prêter encore "aux niveaux précédents", le groupe a dit avoir émis pour plus de 183 milliards de dollars de prêts sur le trimestre, contre 180 milliards fin décembre.