
La nouvelle direction d'UBS a annoncé mercredi son intention de soumettre à un régime draconien la première banque suisse en plein marasme, à commencer par une coupe massive de 11% dans ses effectifs pour faire face à de nouvelles pertes et retraits de capitaux.
Devant ses actionnaires, le nouveau tandem formé par l'ex-patron du rival Credit Suisse, Oswald Grübel, et l'ancien ministre des Finances Kaspar Villiger, a annoncé de nouvelles coupes claires dans les effectifs de la banque, qui employait fin mars 76.200 personnes.
L'établissement, qui a déjà réduit 11.000 emplois depuis le début de la crise financière fin 2007, va réduire ses effectifs de 8.700 personnes d'ici 2010, dont 2.500 en Suisse, dans le cadre de mesures de réductions de coûts de 3,5 à 4 milliards de francs suisses.

"Le chemin vers le succès sera long et sans solutions rapides", a averti le nouveau directeur général Oswald Grübel, lors de l'assemblée générale annuelle. "Les chiffres sont toujours aussi peu encourageants et des mesures radicales seront indispensables", car la banque s'est mise "dans une situation fâcheuse", a souligné M. Grübel.
Après une année 2008 désastreuse, marquée par une perte massive 20,9 milliards de francs suisses (13,8 milliards d'euros) et des démêlés judiciaires aux Etats-Unis, l'établissement a subi une nouvelle perte nette de 2 milliards de franc suisses au premier trimestre, après un résultat négatif de 11,5 milliards sur la même période l'année dernière.
Pire, UBS n'a pas réussi à endiguer les retraits de capitaux, alors que l'année dernière l'établissement a vu ses clients lui retirer 226 milliards de ses comptes.
Les divisions gestion de fortune et banque suisse ont ainsi vu leurs clients retirer 23 milliards, notamment en raison de la mauvaise publicité générée par les démêlés judiciaires aux Etats-Unis, où la banque est accusée d'avoir aidé des contribuables américains à frauder le fisc.

Le numéro un mondial de la gestion de fortune se trouve toujours dans une "situation difficile" et doit encore "lutter" pour se redresser, a affirmé, devant un parterre de près de 5.000 actionnaires, le président sortant Peter Kurer qui doit être remplacé à l'issue de l'assemblée générale par M. Villiger. "La situation à ce jour n'est pas encore définitivement stabilisée", a-t-il ajouté.
Le groupe a également réaffirmé son attachement à ses activités dans la gestion de fortune, la banque de détail en Suisse, la banque d'affaire et la gestion d'actifs.
Le directeur général d'UBS, qui doit publier le 5 mai ses résultats complets pour le premier trimestre, a cependant prévenu que la "banque deviendra plus petite", soulignant que le groupe réfléchissait aux domaines dans lesquels il veut "continuer" et ceux qu'il veut "abandonner".
Les investisseurs ont mal accueilli ces nouvelles pertes, l'action reculant de 2,79% à 12,90 francs suisses, dans un marché en hausse de 0,15% à 9H53 GMT.
Pour l'analyste Peter Thorne, de la banque Helvea, "les reflux continus dans la gestion de fortune et la banque suisse ont été décevants et seront un point majeur d'attention pour le nouveau directeur général, mais un règlement du litige aux Etats-Unis devrait aider à cet égard". "Avec des perspectives prudentes, il est difficile de savoir quand UBS retournera à la profitabilité", ont souligné les analystes de la banque Keefe, Bruyette & Woods dans une note.