Les prix du pétrole ont reculé mercredi pour la troisième séance d'affilée à New York, pénalisés par la forte progression des stocks de brut aux Etats-Unis, désormais au plus haut depuis 1990.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mai a terminé à 49,25 dollars, en baisse de 16 cents par rapport à son cours de clôture de mardi.
A Londres, sur l'InterContinental Exchange, le baril de brent de la mer du Nord à échéance identique, dont c'était le dernier jour de cotation, a perdu 17 cents à 51,79 dollars.
Les cours ont connu une séance hésitante, après avoir piqué du nez en réaction à la publication des statistiques hebdomadaires du département américain de l'Energie (DoE) sur les réserves pétrolières.
"Ces chiffres étaient baissiers concernant le brut", a reconnu Mike Fitzpatrick, de MF Global. "Les fondamentaux restent baissiers, mais le marché se montre résistant face aux mauvaises nouvelles. Pour un acheteur, il faut s'accrocher à l'idée que le pire est derrière nous", a-t-il ajouté.
Les réserves de brut ont progressé de 5,6 millions de barils la semaine dernière aux Etats-Unis, à 366,7 millions de barils. Cette augmentation est beaucoup plus importante que celle anticipée par les analystes, et elle fait monter les stocks "à leur plus haut niveau depuis septembre 1990", a souligné Hussein Allidina, de Morgan Stanley.
"Le marché pétrolier est confronté à de nouveaux signes d'une augmentation de l'offre", a observé Phil Flynn, d'Alaron Trading.
Consolation cependant pour les opérateurs: les stocks au terminal de Cushing, dans l'Oklahoma (sud) ont encore reculé. Ils avaient atteint des niveaux record au début de l'année et pèsent fortement sur les cours car le brut échangé sur le Nymex y est conservé.
Par ailleurs, les stocks d'essence (-900.000 barils) comme ceux de produits distillés (-1,2 million de barils) ont reculé plus que prévu, mais cette évolution "résulte d'une baisse de la production, pas d'une amélioration de la demande", a nuancé M. Allidina.
L'incendie d'un oléoduc du géant pétrolier anglo-néerlandais Shell dans le sud du Nigeria, qui a entraîné une perte de production de 180.000 barils par jour, a aussi contribué à soutenir les prix.
Côté demande, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a abaissé à nouveau sa prévision de demande de brut pour 2009.
Dans son rapport mensuel publié mercredi, elle estime que la consommation mondiale va baisser de 1,7 million de barils par jour (mbj) cette année, contre une baisse de 1,01 mbj prévue jusqu'à présent.
Ce recul est moins marqué que celui pronostiqué par l'Agence internationale de l'Energie (-2,4 mbj), mais plus que celui prévu par le DoE (-1,35 mbj).
Pour l'Opep, la Chine à son tour est affectée par une baisse de la demande alors qu'en 2008 ce pays avait encore enregistré une hausse de la demande de 5%.
Le marché pétrolier est particulièrement attentif aux signaux qu'envoie la Chine, moteur de la demande d'or noir ces dernières années, quant à sa situation économique.
"Si, comme on s'y attend, le produit intérieur brut y a progressé de 6,3% au premier trimestre, il s'agira de son rythme de hausse le plus lent depuis 16 ans pour l'économie accusée d'avoir fait bondir les prix à leur pic de l'an dernier", a expliqué M. Fitzpatrick.
Le baril a dépassé les 147 dollars en juillet 2008 avant de s'effondrer jusqu'à 32 dollars en décembre.