Les prix du pétrole se sont repliés lundi à New York, alors que l'Agence internationale à l'Energie (AIE) a révisé à la baisse sa prévision de demande mondiale pour cette année.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mai a terminé à 50,05 dollars, en baisse de 2,19 dollars par rapport à son cours de clôture de jeudi.
A Londres, sur l'InterContinental Exchange, le baril de brent de la mer du Nord à échéance identique a perdu 1,92 dollar à 52,14 dollars.
Le baril texan, référence du marché new-yorkais, avait pris jeudi 2,86 dollars, et les marchés étaient restés fermés vendredi en raison de Pâques.
En séance, il a chuté jusqu'à 48,84 dollars avant de se reprendre.
"Les opérateurs réagissent aux prévisions de l'AIE, qui a encore réduit ses estimations de demande mondiale de 1 million de barils par jour", a expliqué Mike Fitzpatrick, de MF Global.
Selon l'AIE, la demande mondiale devrait redescendre à 83,4 millions de barils par jour (mbj) en moyenne cette année, soit un recul de 2,4 mbj sur un an, ce qui la ramènerait à son plus faible niveau depuis 2004.
Si les prévisions de l'Agence, qui représente les intérêts des pays consommateurs industrialisés, se réalisent, la contraction de la consommation serait "proche" de celle du début des années 1980, a-t-elle indiqué.
"Les prix évoluent en fonction du choix des opérateurs de privilégier les fondamentaux du marché ou les espoirs de reprise", a ajouté M. Fitzpatrick. "La seule chose qui puisse être affirmée avec un certain niveau de certitude, c'est que l'économie semble continuer de se dégrader, peut-être un peu moins vite".
Pour Ellis Eckland, analyste indépendant, les cours se sont raffermis ces dernières semaines grâce à la progression des marchés boursiers, baromètre des espoirs des investisseurs de reprise économique, et donc de la demande de matières premières.
"C'est ce qui permet aux cours de se maintenir au-dessus de 50 dollars", a-t-il jugé, soulignant la "très forte corrélation" entre le marché du pétrole et le marché boursier.
Wall Street, qui a enchaîné cinq semaines d'ascension, a évolué en baisse une grande partie de la séance lundi, avant de revenir à l'équilibre peu avant la clôture.
"Le marché pétrolier se soucie davantage de Wall Street que de l'économie réelle", a reconnu Phil Flynn, d'Alaron Trading, soulignant que le rapport entre l'offre et la demande restait baissier.
Les réserves de brut sont en effet au plus haut depuis 15 ans aux Etats-Unis, le premier pays consommateur d'or noir, et elles continuent de s'étoffer semaine après semaine.
Face à une demande en berne dans le monde, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a encore réduit sa production de 90.000 barils par jour en mars, selon une étude de la société d'information sur l'énergie Platts. Mais Platts estime que la production de brut de ses onze membres soumis à quotas reste supérieure de près de 800.000 barils par jour à ses objectifs d'offre.
Le représentant de l'Iran au sein du cartel, Mohammad Ali Khatibi, a estimé qu'une nouvelle baisse de la production de l'Opep était possible.
Le 8 avril, le ministre algérien de l'Energie, Chakib Khelil, avait affirmé que l'Opep maintiendrait son quota de production à sa réunion du 28 mai à Vienne si l'économie mondiale montrait des signes de reprise d'ici là.