Déprimée par la crise mondiale, la production industrielle française a de nouveau baissé en février, mais moins qu'en janvier, un signe encourageant mais qui ne suffira pas à enrayer un recul du PIB au premier trimestre.
Après une chute de 3,9% en janvier, la production industrielle a reculé de 0,5% en février, selon les chiffres publiés vendredi par l'Insee.
La production de l?industrie manufacturière (qui comprend les industries agricoles et alimentaires) s'est, elle, stabilisée, baissant de 0,1% après un fort repli en janvier de 5,0%.
"Il y a une amorce de convalescence", a-t-on commenté à Bercy. "Ces chiffres laissent penser que le plancher est probablement proche mais on ne peut exclure de nouvelles baisses ponctuelles", a-t-on ajouté de même source.
La stabilisation du mois de janvier masque des évolutions contrastées selon les secteurs. Ainsi, les industries agricoles et alimentaires ont toujours une production en baisse de 1,1% (après -1,9% en janvier), mais la production d?équipements électriques se redresse (+0,6% après -13,2%), tout comme celle de produits informatiques (+3,9%).
"Il est trop tôt pour envisager un rebond mais le fait que la baisse soit moins forte qu'en janvier est un signe encourageant", a estimé Jean-François Loué, chef de la division des indicateurs conjoncturels de l'Insee. Reste que "depuis octobre, la chute est la plus forte jamais connue depuis 1974" et le choc pétrolier, rappelle-t-il.
Alexander Law, du cabinet Xerfi, voit, lui, quelques raisons d'espérer: dès le quatrième trimestre, "les chefs d'entreprise ont anticipé la crise et, à la recherche de liquidités, ont immédiatement procédé à la réduction de leurs stocks pour soulager leur trésorerie".
"En d'autres termes, une bonne partie de la purge a déjà été faite et une reprise technique n'est pas à exclure au cours des prochains mois", estime-t-il.
Si la production de l'industrie automobile est restée en baisse de 5,6% en février, le marché a rebondi de 8,3% en mars après cinq mois consécutifs de baisse, soutenu par la hausse des ventes des constructeurs PSA et Renault.
Les dispositifs de stimulation du marché, comme la prime à la casse, "ont largement aidé les petites voitures citadines, peu gourmandes en carburant", explique Alexander Law.
Sur le plan de la demande interne, le ralentissement de l'inflation est aussi une bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat des ménages.
Les prix à la consommation en France ont augmenté de 0,2% en mars sur un mois et ont progressé de seulement 0,3% par rapport à mars 2008, soit la plus faible hausse annuelle depuis juin 1999, selon l'Insee.
Malgré ces lueurs d'espoir, la France ne pourra éviter une nouvelle baisse de son Produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre, un recul pour le deuxième trimestre consécutif qui marquerait le début de la récession attendue.
Selon la dernière estimation de la Banque de France, il devrait baisser de 0,8% sur le trimestre après avoir reculé de 1,1% au dernier trimestre 2008.
Pour l'Insee, il devrait encore chuter de 1,5% au premier trimestre 2009. "L'éventail des possibles est très large", indique-t-on à Bercy, où l'on ne se risque pas à de nouvelles prévisions.