Le constructeur automobile suédois Saab, abandonné par l'américain General Motors, a présenté lundi devant un tribunal suédois son plan de redressement destiné à garantir sa survie et permettre d'ici juin une vente à l'un des plus de 20 repreneurs potentiels.
Dans son plan présenté aux créanciers, dont l'AFP a eu copie, Saab affirme que plus de 20 acquéreurs potentiels se sont montrés intéressés pour reprendre le constructeur en grande difficulté et que la vente pourrait être bouclée d'ici juin.
"Il y a actuellement plus de 20 parties intéressées de façon active (...) Le processus de vente devrait être terminé en juin 2009", assure l'administrateur judiciaire de Saab, Guy Lofalk.
"Certains sont des industriels, d'autres sont plus des investisseurs. Il y a plusieurs intérêts suédois. (Mais) la plupart sont internationaux", a avancé le directeur général de Saab, Jan Aake Jonsson, lors d'une conférence de presse suivant l'audience du tribunal, sans vouloir donner de nom.
Près de 1.300 de ses créanciers étaient convoqués lundi devant le tribunal de Vänersborg, dans le sud-ouest de la Suède, pour se prononcer sur la procédure judiciaire en cours.
Si seulement quelques-uns se sont effectivement déplacés, aucun d'entre eux ne s'est opposé à la poursuite de la restructuration.
Saab, qui a été placé en procédure de sauvegarde fin février pour éviter le dépôt de bilan et devenir une société indépendante de son propriétaire General Motors, vise pour 2011 une trésorerie positive et des ventes de 150.000 véhicules -contre 93.000 seulement l'an passé.
Sollicité par l'AFP, Philippe Houchois, un analyste du secteur automobile pour UBS, a fait part de son scepticisme sur un possible retour à la rentabilité d'un constructeur structurellement déficitaire depuis 20 ans.
"Je ne suis pas sûr qu'ils vont pouvoir bâtir des modèles (économiquement) viables en seulement 18 mois", a-t-il dit. "Ils ont restructuré leur bilan donc il semble qu'ils vont pouvoir continuer leur activité (...) mais (celle-ci) n'est pas durable, ce n'est pas très prometteur", a-t-il tranché.
Saab, qui doit au total près de 10,7 milliards de couronnes selon ses dirigeants, dont l'immense partie (9,7 milliards) à General Motors, indique avoir besoin d'un milliard de dollars (750 millions d'euros) pour survivre.
Le groupe négocie actuellement avec la Banque européenne d'investissement (BEI) pour obtenir un prêt de 600 millions de dollars, pour lequel les garanties de l'Etat suédois sont nécessaires.
"Les autres 400 millions de dollars devraient être injectés par GM", avance Saab, qui avait été racheté en deux moitiés par l'américain, actuellement lui aussi au bord de la faillite, en 1990 et 2000.
General Motors avait annoncé début février qu'il abandonnerait Saab quoiqu'il arrive à la fin de l'année, même si une coopération technique doit se poursuivre. En dépit des appels de GM, le gouvernement suédois a répété depuis qu'il ne souhaitait pas entrer au capital de Saab.
Le suédois, qui va lancer plusieurs modèles d'ici 2010 dont sa nouvelle berline de luxe 9-5, va rapatrier sa production dans son unique usine de Trollhättan, dans le sud-ouest de la Suède, à l'exception du modèle 9-4X, destiné à l'Amérique du Nord et qui sera produit au Mexique.
Le suédois sous-traitait jusqu'à présent la production de son cabriolet 9-3 à l'usine Magna Steyr de Graz en Autriche et des Saab étaient également produites dans une usine Opel en Allemagne.